Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année X — Juillet 1867.

(Langue portugaise)

EPIDÉMIE DE L’ÎLE MAURICE.

1. — Il y a quelques mois, un de nos médiums, M. T…, qui tombe souvent en somnambulisme spontané sous la magnétisation des Esprits, nous dit que l’île Maurice  †  était en ce moment ravagée par une épidémie terrible qui décimait la population. Cette prévision s’est réalisée, même avec des circonstances aggravantes. Nous venons de recevoir d’un de nos correspondants de l’île Maurice, une lettre datée du 8 mai, et dont nous extrayons les passages suivants :


« Plusieurs Esprits nous ont annoncé, les uns clairement, les autres en termes prophétiques, un fléau destructeur prêt à nous frapper. Nous prîmes ces révélations au point de vue moral et non au point de vue physique. Soudain une maladie étrange éclate sur cette pauvre île ; une fièvre sans nom, qui revêt toutes les formes, commence doucement, hypocritement, puis grandit et renverse tous ceux qu’elle peut atteindre. C’est maintenant une véritable peste ; les médecins n’y entendent rien ; tous ceux qui en sont frappés n’ont pu guérir jusqu’à présent. Ce sont de terribles accès qui vous brisent et vous torturent pendant douze heures, au moins, en attaquant à tour de rôle, chaque organe important ; puis, le mal cesse pendant un jour ou deux, laissant le malade accablé jusqu’à son prochain retour, et l’on marche ainsi, plus ou moins rapidement, vers le terme fatal.

Pour moi, je vois en tout ceci un de ces fléaux annoncés, qui doivent retirer du monde une partie de la génération présente, et destinés à opérer un renouvellement devenu nécessaire. Je vais vous donner un exemple des infamies qui se passent ici :

La quinine  †  à très forte dose enraye les accès, pour quelques jours seulement ; c’est le seul spécifique capable d’arrêter, momentanément du moins, les progrès de la cruelle maladie qui nous décime.

Les négociants et les pharmaciens en avaient une certaine quantité qui leur revenait à peu près à 7 fr. l’once,  †  or, comme ce remède était forcément acheté par tout le monde, ces messieurs profitèrent de l’occasion pour élever le prix de la potion d’un individu, de 1 fr. prix ordinaire, jusqu’à 15 fr. Puis la quinine vint à manquer ; c’est-à-dire, que ceux qui en avaient, ou qui en recevaient par les malles, la vendirent au prix fabuleux de 2 fr. 50 c. le grain  †  au détail, et en gros 675 et 800 fr. l’once. Dans une potion il entre au moins 30 grains, ce qui fait 75 fr. la potion. Les riches seuls pouvaient donc s’en procurer, et ces marchands voyaient avec indifférence des milliers de malheureux expirer autour d’eux, faute de l’argent nécessaire pour se procurer ce médicament.

Que dites-vous de ceci ? Hélas ! c’est de l’histoire ! Encore en ce moment, la quinine arrive en quantité ; les boutiques des pharmaciens en regorgent, mais néanmoins ils ne veulent pas donner une dose à moins de 12 fr. 50 c. ; aussi les pauvres meurent toujours, en regardant d’un œil désolé ce trésor qu’ils ne peuvent atteindre !

Moi-même, j’ai été atteinte par l’épidémie, et j’en suis à ma quatrième rechute. Je me ruine en quinine ; cela prolonge mon existence, mais si, comme je le crains, les rechutes continuent, ma foi, cher monsieur, il est assez probable qu’avant peu, j’aurai le plaisir d’assister en Esprit à vos séances parisiennes, et d’y prendre part, si Dieu le permet. Une fois dans le monde des Esprits, je serai plus près de vous et de la société, que je ne le suis à l’île Maurice ; en une pensée je me rends à vos séances sans fatigue, et sans craindre le mauvais temps. Du reste, je n’ai pas la moindre crainte, je vous le jure ; je suis trop sincèrement Spirite pour cela. Toutes mes précautions sont prises, et si je viens à quitter ce monde, vous en serez instruit.

En attendant, cher monsieur, veuillez avoir la bonté de prier mes frères de la société Spirite de joindre leurs prières aux nôtres pour les malheureuses victimes de l’épidémie, pauvres Esprits bien matériels, pour la plupart, et dont le dégagement doit être pénible et long. Prions aussi pour ceux, bien autrement malheureux, qui au fléau de la maladie, ajoutent celui de l’inhumanité.

Notre petit groupe est disséminé depuis trois mois ; tous les membres ont été plus ou moins frappés, mais aucun de nous n’est mort jusqu’à présent.

Recevez, etc.


2. — Il faut être vraiment Spirite pour envisager la mort avec ce sang-froid et cette indifférence alors qu’elle étend ses ravages autour de nous, et qu’on en a ressenti les atteintes ; c’est qu’en pareil cas, la foi sérieuse en l’avenir, telle que le Spiritisme seul peut la donner, procure une force morale qui est elle-même un puissant préservatif, ainsi que cela a été dit à propos du choléra. (Revue de novembre 1865, page 336). Ce n’est pas à dire que, dans les épidémies, les Spirites soient nécessairement épargnés, mais il est certain qu’en pareil cas, ils ont jusqu’à présent été les moins frappés. Il va sans dire, qu’il s’agit des Spirites de cœur, et non de ceux qui n’en ont que l’apparence.

Les fléaux destructeurs, qui doivent sévir contre l’humanité, non sur un point du globe, mais partout, sont pressentis de toutes parts par les Esprits.


3. — La communication suivante, verbale et spontanée, a été donnée sur ce sujet et à la suite de la lecture de la lettre ci-dessus.


(Société de Paris,  †  21 juin 1867 ; méd. M. Morin, ou somnambulisme spontané.)

« L’heure s’avance, l’heure marquée au grand et perpétuel cadran de l’infini, l’heure à laquelle va commencer à s’opérer la transformation de votre globe pour le faire graviter vers la perfection. Il vous a été dit souvent que les plus terribles fléaux décimeraient les populations ; ne faut-il pas que tout meure pour se régénérer ? Mais qu’est-ce que cela ? La mort n’est que la transformation de la matière, l’Esprit ne meurt pas : il ne fait que changer d’habitation. Observez, et vous verrez commencer la réalisation de toutes ces prévisions. Oh ! qu’ils sont heureux, ceux qu’en ces terribles épreuves la foi spirite sincère a touchés ! Ils demeurent calmes au milieu de la tourmente, comme le marin aguerri devant la tempête.

« Moi, en ce moment personnalité spirituelle, accusé souvent par les personnalités terrestres, de brutalité, de dureté, d’insensibilité !… Il est vrai, je contemple avec calme tous ces fléaux destructeurs, toutes ces terribles souffrances physiques ; oui, je traverse sans m’émouvoir toutes ces plaines dévastées, jonchées de débris humains ! Mais si je puis le faire, c’est que ma vue spirituelle se porte au delà de ces souffrances ; c’est qu’anticipant sur l’avenir, elle s’appuie sur le bien-être général qui sera la conséquence de ces maux passagers pour la génération future, pour vous-mêmes qui ferez partie de cette génération, et qui recueillerez alors les fruits que vous aurez semés.

« Esprit de l’ensemble, regardant du haut d’une sphère qu’il habitait (souvent il parle de lui à la troisième personne), son œil reste sec ; cependant son âme palpite, son cœur saigne en face de toutes les misères que l’humanité doit traverser, mais la vue spirituelle se repose de l’autre côté de l’horizon, en contemplant le résultat qui en sera la suite certaine.

« La grande émigration est utile, et l’heure approche où elle doit s’effectuer… déjà elle commence… A qui sera-t-elle fatale ou profitable ? Regardez bien, observateurs ; considérez les actes de ces exploiteurs des fléaux humains, et vous distinguerez, même avec les yeux du corps, les hommes prédestinés à la déchéance. Voyez-les âpres à la curée, roides au gain, attachés comme à leur vie à toutes les possessions terrestres, et souffrant mille morts à la perte d’une parcelle de ce qu’il leur faudra cependant quitter… Combien elle sera terrible pour eux la peine du talion, car dans l’exil qui les attend, ils se verront refuser un verre d’eau pour étancher leur soif !… Regardez-les, ceux-là, et vous reconnaîtrez en eux, sous les richesses qu’ils accumulent aux dépens des malheureux, les futurs humains déchus  ! Considérez leurs travaux, et votre conscience vous dira si ces travaux doivent être payés là-haut, ou en bas ! Regardez-les bien, hommes de bonne volonté, et vous verrez que l’ivraie commence, dès cette terre, à être séparée du bon grain.

« Mon âme est forte, ma volonté est grande ! – mon âme est forte, parce que sa force est le résultat d’un travail collectif d’âme à âme ; ma volonté est grande, parce qu’elle a pour point d’appui l’immense colonne formée de tous les sentiments de justice et de bien, d’amour et de charité. Voilà pourquoi je suis fort, voilà pourquoi je suis calme pour regarder ; voilà pourquoi son cœur qui bat à se rompre dans sa poitrine ne s’émeut pas. Si la décomposition est l’instrument nécessaire de la transformation, assiste, ô mon âme, calme et impassible, à cette destruction ! »


[Revue de novembre 1868.]

4. ÉPIDÉMIE DE L’ÎLE MAURICE.


Nous avons décrit, dans la revue de juillet 1867, page 208, la terrible maladie qui ravage l’île Maurice (ancienne île de France) depuis deux ans. Le dernier courrier nous apporte des lettres de deux de nos frères en croyance de ce pays. Dans l’une se trouve le passage suivant :

« Veuillez m’excuser d’être restée si longtemps sans vous donner de mes nouvelles ; certes, ce n’était pas le désir qui me manquait, mais bien la possibilité ; car mon temps étant divisé en deux parts, l’une pour le travail qui me fait vivre, l’autre pour la maladie qui nous tue, j’ai bien peu d’instants à employer selon mes goûts. Cependant je suis un peu plus tranquille ; voilà un mois que je n’ai eu la fièvre ; il est vrai que c’est à cette époque qu’elle semble s’apaiser un peu ; mais, hélas ! c’est reculer pour mieux sauter, car les prochaines chaleurs vont sans doute lui rendre encore sa vigueur première. Aussi, bien convaincue de la certitude de cette perspective, je vis au jour le jour, me détachant autant que possible des vanités humaines, afin de faciliter mon passage dans le monde des Esprits où, franchement, je ne serais nullement fâchée de me trouver, dans de bonnes conditions, bien entendu. »


Un incrédule disait un jour, à propos d’une personne qui exprimait une pensée analogue au sujet de la mort : « Il faut être Spirite pour avoir de ces idées-là ! » Sans le vouloir, il faisait le plus bel éloge du Spiritisme.

N’est-ce pas un grand bienfait que le calme avec lequel il fait considérer le terme fatal de la vie que tant de gens voient approcher avec effroi ?

Que d’angoisses et de tourments sont épargnés à ceux qui envisagent la mort comme une transformation de leur être, une transition instantanée, sans interruption de la vie spirituelle ! Ils attendent le départ avec sérénité, parce qu’ils savent où ils vont et ce qu’ils seront ; ce qui ajoute à leur tranquillité, c’est la certitude, non-seulement de retrouver ceux qui leur sont chers, mais de n’être point séparés de ceux qui restent après eux ; de les voir et de les aider plus facilement et mieux que de leur vivant ; ils ne regrettent point les joies de ce monde, parce qu’ils savent qu’ils en auront de plus grandes, de plus suaves, sans mélange de tribulations. Ce qui cause les appréhensions de la mort, c’est l’inconnu ; or, pour les Spirites, la mort n’a plus de mystères.


5. — La seconde lettre contient ce qui suit :

« C’est avec un sentiment de profonde gratitude que je viens vous remercier des solides principes que vous avez inculqués dans mon esprit, et qui, seuls, m’ont donné la force et le courage d’accepter avec calme et résignation les rudes épreuves que j’ai eu à subir depuis un an par le fait de la terrible épidémie qui décime notre population. Il y a déjà soixante mille âmes de parties !

« Comme vous devez l’imaginer, la plupart des membres formant, à Port-Louis,  †  notre petit groupe qui commençait à si bien fonctionner, ont eu à souffrir, comme moi, dans ce désastre général. Par une communication spontanée du 25 juillet 1866, il nous fut annoncé que nous allions être obligés de suspendre nos travaux ; trois mois après, nous fûmes forcés de discontinuer, par suite de la maladie de plusieurs d’entre nous, et la mort de nos parents et de nos amis. Jusqu’à cette heure nous n’avons pas pu recommencer, bien que tous nos médiums soient existants, ainsi que les principaux membres de notre groupe. Nous avons plusieurs fois essayé de nous réunir de nouveau, mais sans pouvoir réussir. C’est pourquoi chacun de nous a été obligé de prendre connaissance isolément de votre lettre, en date du 26 octobre 1867 à madame de G… où se trouve la communication du docteur Demeure qui nous donne de grands et très justes enseignements sur tout ce qui nous arrive ; chacun de nous a pu en apprécier la justesse pour ce qui le concerne ; car il est à constater que la maladie a pris tant de formes multiples, que les médecins n’ont jamais pu tomber d’accord : chacun a suivi une méthode particulière.

« Pourtant, le jeune docteur Labonté semble être celui qui a le mieux défini la maladie ; je puis croire qu’il est dans le vrai au point de vue matériel, puisqu’il a passé par toutes les souffrances dont il s’est fait le narrateur  n A notre point de vue spiritualiste, nous pourrions y voir une application de la préface de l’Évangile selon le Spiritisme, car la période néfaste que nous traversons a été marquée, au début, par une pluie extraordinaire d’étoiles filantes, tombée à Maurice dans la nuit du 13 au 14 novembre 1866. Bien que ce phénomène soit connu pour avoir été assez fréquent de septembre à novembre, à certaines époques périodiques, il n’est pas moins remarquable que, cette fois, les étoiles filantes ont été si nombreuses, qu’elles ont impressionné et fait tressaillir ceux qui les ont observées. Cet imposant spectacle restera gravé dans notre mémoire, parce que c’est précisément après cet événement que la maladie a pris un caractère affligeant. Dès ce moment, elle est devenue générale et mortelle, ce qui, aujourd’hui, peut nous autoriser à penser, comme nous le dit le docteur Demeure, que nous sommes arrivés à la période de la transformation des habitants de la terre, pour leur avancement moral.

« A propos de calmants que recommande le docteur Demeure, vous avez parlé de marrons d’Inde  †  dont l’emploi serait plus avantageux que la quinine qui affecte les organes cérébraux. Nous ne connaissons pas cette plante ici ; mais après la lecture de votre lettre où il en est fait mention, le nom d’une autre plante m’est venu à l’esprit par intuition ; c’est le Croton tiglium,  †  vulgairement appelé à Maurice Pion d’Inde ; je l’ai employé comme sudorifique, avec beaucoup de succès ; les feuilles seulement, car la graine est un poison violent. Veuillez, je vous prie, demander au docteur Demeure ce qu’il pense de cette plante, et s’il approuve l’emploi que j’en ai fait, comme calmant, car je partage complètement son opinion sur le caractère de cette maladie bizarre, qui me paraît une variante du ramannenzaa ou fièvre de Madagascar, moins les manifestations extérieures. »


Si l’on pouvait douter un seul instant de la vulgarisation universelle de la doctrine spirite, le doute disparaîtrait en voyant les heureux qu’elle fait, les consolations qu’elle procure, la force et le courage qu’elle donne dans les moments les plus pénibles de la vie, parce qu’il est dans la nature de l’homme de rechercher ce qui peut assurer son bonheur et sa tranquillité. C’est là le plus puissant élément de propagation du Spiritisme, et que personne ne lui enlèvera, à moins de donner plus qu’il ne donne. Pour nous, c’est une grande satisfaction de voir les bienfaits qu’il répand ; chaque affligé consolé, chaque courage abattu relevé, chaque progrès moral opéré, nous paye au centuple de nos peines et de nos fatigues ; c’est là aussi une satisfaction qu’il n’est au pouvoir de personne de nous enlever.


6. — Ces lettres, lues à la Société de Paris, ont donné lieu aux communications suivantes qui traitent la question au double point de vue local et général, matériel et moral.


(Société de Paris, 16 octobre 1868.)

Dans tous les temps, on a fait précéder les grands cataclysmes physiologiques de signes manifestes de la colère des dieux. Des phénomènes particuliers devançaient l’irruption du mal, comme un avertissement de se préparer au danger. Ces manifestations ont eu lieu, en effet, nom comme présage surnaturel, mais comme symptômes de l’imminence de la perturbation.

Comme on a eu raison de vous le dire, dans les crises en apparence les plus anormales qui déciment tour à tour les différentes contrées du globe, rien n’est laissé au hasard ; elles sont la conséquence des influences des mondes et des éléments les uns sur les autres (octobre 1868, page 313) ; elles sont préparées de longue main, et la cause en est, par conséquent, parfaitement normale.

La santé est le résultat de l’équilibre des forces naturelles ; si une maladie épidémique sévit quelque part, elle ne peut être que la conséquence d’une rupture de cet équilibre ; de là, l’état particulier de l’atmosphère et les phénomènes singuliers qu’on y peut observer.

Les météores connus sous le nom d’étoiles filantes sont composés d’éléments matériels comme tout ce qui tombe sous les sens ; ils n’apparaissent que grâce à la phosphorescence de ces éléments en combustion, et dont la nature spéciale développe parfois dans l’air respirable des influences délétères et morbifiques. Les étoiles filantes étaient à Maurice, non le présage, mais la cause seconde du fléau.

Pourquoi leur action s’est-elle exercée en particulier sur cette contrée ?

D’abord, parce qu’elle est un des moyens destinés, comme l’a fort bien dit votre correspondant, à régénérer l’humanité et la terre proprement dite, en provoquant le départ des incarnés et la modification des éléments matériels ; et aussi, parce que les causes qui déterminent ces sortes d’épidémie à Madagascar, au Sénégal et partout où la fièvre paludéenne et la fièvre jaune exercent leurs ravages, n’existant pas à Maurice, la violence et la persistance du mal devaient déterminer la recherche sérieuse de sa source, et attirer l’attention sur la part que pouvaient y prendre les influences de l’ordre psychologique.

Ceux qui ont survécu, en contact forcé avec les malades et les mourants, ont été témoins de scènes dont ils ne se sont pas tout d’abord rendu compte, mais dont le souvenir leur reviendra avec le calme, et qui ne peuvent être expliquées que par la science spirite. Les faits d’apparitions, de communications avec les morts, de prévisions suivies de réalisation, y ont été très communs. Le désastre apaisé, la mémoire de tous ces faits surgira et provoquera des réflexions qui amèneront peu à peu à accepter nos croyances.

Maurice va renaître ! l’année nouvelle verra s’éteindre le fléau dont elle a été la victime, non par l’effet des remèdes, mais parce que la cause y aura produit son effet ; d’autres climats subiront à leur tour les étreintes d’un mal de même nature ou de toute autre, déterminant les mêmes désastres et conduisant aux mêmes résultats.

Une épidémie universelle aurait semé l’épouvante dans l’humanité entière et arrêté pour longtemps l’essor de tout progrès ; une épidémie restreinte, attaquant tour à tour et sous des formes multiples chaque centre de civilisation, produira les mêmes effets salutaires et régénérateurs, mais laissera intacts les moyens d’action dont la science peut disposer. Ceux qui meurent sont frappés d’impuissance ; mais ceux qui voient la mort à leur porte cherchent de nouveaux moyens de la combattre. Le péril rend inventif ; et, lorsque tous les moyens matériels seront épuisés, chacun sera bien contraint de demander le salut aux moyens spirituels.

Il est effrayant sans doute de songer à des dangers de cette nature, mais puisqu’ils sont nécessaires et n’auront que d’heureuses conséquences, il est préférable, au lieu de les attendre en tremblant, de se préparer à les affronter sans crainte, quels qu’en soient les résultats. Pour le matérialiste, c’est la mort hideuse et le néant à sa suite ; pour le spiritualiste et en particulier pour le Spirite, qu’importe ce qui arrivera ! S’il échappe au péril, l’épreuve le trouvera toujours inébranlable ; s’il meurt, ce qu’il connaît de l’autre vie lui fera envisager le passage sans pâlir.

Préparez-vous donc à tout, et quelles que soient l’heure et la nature du danger, soyez pénétrés de cette vérité : que la mort n’est qu’un vain mot, et qu’il n’est aucune souffrance que ne puissent dominer les forces humaines. Ceux auxquels le mal sera insupportable, seront ceux-là seuls qui l’auront reçu le rire aux lèvres et l’insouciance au cœur, c’est-à-dire qui se croiront forts de leur incrédulité. ( † )

Clélie DUPLANTIER.


7. (Société, Paris, 23 octobre 1868.)


Le croton Tiglium peut certainement être employé avec succès, surtout à doses homœopathiques pour calmer les crampes et rétablir la circulation normale du fluide nerveux ; on peut également en faire usage d’une manière locale, en frictionnant la peau avec une infusion légère, mais il ne serait pas prudent d’en généraliser l’usage. Ce n’est pas ici un médicament applicable à tous les malades, ni à toutes les phases de la maladie. Dans le cas où il serait d’usage public, il ne devrait être appliqué que sur l’indication de personnes pouvant en constater l’utilité et en apprécier les effets ; autrement, celui qui en aurait déjà éprouvé l’action salutaire, pourrait, dans un cas donné, y être tout à fait insensible, ou même en éprouver des inconvénients. Ce n’est pas un de ces médicaments neutres qui ne font aucun mal lorsqu’ils ne produisent pas de bien. Il ne doit être employé que dans des cas spéciaux et sous la direction de personnes possédant des connaissances suffisantes pour en diriger l’action.

J’espère, d’ailleurs, qu’il ne sera pas nécessaire d’en éprouver l’efficacité, et qu’une ère plus calme se prépare pour les malheureux habitants de Maurice.

Ils ne sont pas encore délivrés, tant s’en faut ; mais, sauf exception, les attaques ne sont en général pas mortelles, à moins que des incidents d’autres natures ne viennent leur donner un caractère de gravité particulière.

La maladie en elle-même touche à sa fin. L’île entre dans la période de convalescence ; il peut y avoir quelques petites recrudescences, mais j’ai tout lieu de croire que l’épidémie ira désormais en s’amoindrissant jusqu’à l’extinction complète des symptômes qui la caractérisent.

Mais quelle sera son influence sur ceux des habitants de Maurice qui auront survécu au désastre ? Quelles conséquences déduiront-ils des manifestations de toutes natures dont ils ont été les témoins involontaires ? Les apparitions, dont un grand nombre ont été l’objet, produiront-elles l’effet qu’on est en droit d’en attendre ? Les résolutions prises sous l’empire de la crainte, du remords et des reproches d’une conscience troublée, ne seront-elles pas réduites à néant lorsque la tranquillité renaîtra ?

Il serait à désirer que le souvenir de ces scènes lugubres se gravât d’une manière indélébile dans leur esprit, et les obligeât à modifier leur conduite en redressant leurs croyances ; car ils doivent être bien persuadés que l’équilibre ne se rétablira d’une manière complète que lorsque les Esprits seront autant dépouillés de leur iniquité, que l’atmosphère sera purifiée des miasmes délétères qui ont provoqué la naissance et le développement du mal.

Nous entrons chaque jour davantage dans la période transitoire qui doit amener la transformation organique de la terre et la régénération de ses habitants. Les fléaux sont les instruments dont se sert le grand chirurgien de l’univers pour extirper du monde, destiné à marcher en avant, les éléments gangrenés qui y provoqueraient des désordres incompatibles avec son nouvel état. Chaque organe, ou pour mieux dire chaque contrée, sera tour à tour fouillée par des fléaux de natures diverses. Ici, l’épidémie sous toutes ses formes, ailleurs la guerre, la famine. Chacun doit donc se préparer à supporter l’épreuve dans les meilleures conditions possibles en s’améliorant et en s’instruisant, afin de ne pas être surpris à l’improviste.

Déjà, quelques contrées ont été éprouvées, mais leurs habitants seraient dans une complète erreur s’ils se fiaient à l’ère de calme qui va succéder à la tempête pour retomber dans leurs anciens errements. C’est un temps de répit qui leur est accordé pour entrer dans une meilleure voie ; s’ils n’en profitent pas, l’instrument de mort les éprouvera jusqu’à les amener à résipiscence. Bienheureux ceux que l’épreuve a frappés tout d’abord, car ils auront pour s’instruire, non-seulement les maux qu’ils ont subis, mais le spectacle de ceux dont leurs frères en humanité seront frappés à leur tour. Nous espérons qu’un tel exemple leur sera salutaire, et qu’ils entreront, sans hésiter, dans la voie nouvelle qui leur permettra de marcher de concert avec le progrès.

Il serait à désirer que les habitants de Maurice ne soient pas des derniers à mettre à profit la sévère leçon qu’ils ont reçue.

Docteur DEMEURE.



[1] M. le docteur Labonté a décrit l’épidémie de l’île Saint-Maurice dans une brochure que nous avons lue avec intérêt, et où se révèle l’observateur sérieux et judicieux. C’est un homme dévoué à son art, et autant qu’on en peut juger de loin, par analogie, il nous paraît avoir bien caractérisé cette singulière maladie, au point de vue physiologique ; malheureusement, en ce qui concerne la thérapeutique, elle déjoue toutes les prévisions de la science. Dans un cas exceptionnel, comme celui-ci, l’insuccès ne préjugerait rien contre le savoir du médecin. Le Spiritisme ouvre à la science médicale des horizons tout nouveaux en démontrant le rôle prépondérant de l’élément spirituel dans l’économie et dans un grand nombre d’affections, où la médecine échoue, parce qu’elle s’obstine à n’en chercher la cause que dans la matière tangible. La connaissance de l’action du périsprit sur l’organisme ajoutera une nouvelle branche à la pathologie, et modifiera profondément le mode de traitement de certaines maladies, dont la véritable cause ne sera plus un problème.


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