Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année VII — Octobre 1864.

(Langue portugaise)

ETUDES MORALES.


UNE VENGEANCE.

On écrit de Marseille :  † 

« Un des plus honorables négociants de notre ville, entouré de l’estime générale, M. X…, vient de tirer un coup de pistolet sur le vicaire de Saint-Barnabé.  †  Lundi dernier, M. X… apprend, par une lettre anonyme, que sa femme entretenait des relations intimes avec ce prêtre. On lui donne les détails les plus circonstanciés, qui ne lui laissent aucun doute sur l’étendue de son malheur. Il rentre chez lui, fait une enquête auprès de ses domestiques : femme de chambre, valets, jardinier, cocher, etc., tous avouent ce qu’ils savent. Cette intrigue durait depuis quinze mois. M. X… était la fable de tout le quartier, et lui seul ne s’en doutait pas. C’est après cette enquête qu’il a tiré le coup de pistolet contre le vicaire. » (Siècle du 7 juin 1864.)


Qui est le plus coupable dans cette triste affaire ? La femme, le mari ou le prêtre ? La femme qui, circonvenue par de pieux sophismes, s’est probablement crue disculpée par la qualité du complice, et s’est tranquillisée par l’espoir d’une absolution facile ? Le mari qui, cédant à un mouvement d’indignation, n’a pu maîtriser sa colère ? Ou le prêtre qui, de sang-froid, avec préméditation, viole ses vœux, abuse de son caractère, trompe la confiance pour jeter le désordre, le désespoir et la désunion dans une famille honorable ? La conscience publique a prononcé son verdict ; mais, en dehors du fait matériel, il est des considérations d’une plus haute gravité.

Une philosophie à conscience élastique pourra peut-être trouver une excuse dans l’entraînement des passions, et se bornera à blâmer des vœux imprudents. Admettons, si l’on veut, non une excuse, mais une circonstance atténuante aux yeux des hommes charnels, il n’en reste pas moins un abus de confiance et de l’ascendant que le coupable puisait dans sa qualité ; la fascination qu’il exerçait sur sa victime à l’abri de son habit sacré : là est là faute, là est le crime qui, s’il n’était puni par la justice des hommes, le sera certainement par la justice de Dieu.

Or, quinze mois étaient plus que suffisants pour lui donner le temps de la réflexion et de revenir au sentiment de ses devoirs. Que faisait-il dans l’intervalle ? Il enseignait à la jeunesse les vérités de la religion ; il prêchait les vertus du Christ, la chasteté de Marie, l’éternité des peines contre les pécheurs ; il remettait ou retenait les fautes d’autrui selon son propre jugement ; et lui, le réfractaire aux commandements de Dieu qui condamnent ce qu’il faisait, était le dispensateur infaillible de l’inflexible sévérité ou de la miséricorde de Dieu ! Est-ce un cas isolé ? Hélas ! l’histoire de tous les temps est malheureusement là pour prouver le contraire. Nous faisons ici abstraction de l’individu, pour ne voir qu’un principe qui donne prise à l’incrédulité et mine sourdement l’élément religieux. La puissance absolutrice du prêtre est, dit-on, indépendante de sa conduite personnelle ; soit, nous ne discuterons pas ce point, quoiqu’il paraisse étrange qu’un homme qui, par ses infamies, mérite l’enfer, puisse ouvrir ou fermer les portes du paradis à qui bon lui semble, alors que souvent des excès lui ôtent l’entière lucidité de ses idées. Si la crainte des peines éternelles n’arrête pas dans la voie du mal et dans la violation des commandements de Dieu ceux qui les préconisent, c’est qu’ils n’y croient pas eux-mêmes ; la première condition pour inspirer confiance serait de prêcher d’exemple.


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