Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Œuvres posthumes — Deuxième Partie.

(Langue portugaise)

Chapitre 24.


PRÉCURSEURS DE L’ORAGE.


30 janvier 1866. — (Paris. Groupe de M. Golovine, Méd. M. L…)

Permettez à un ancien dignitaire de Tauride de bénir vos deux enfants ; puissent-ils, sous l’égide de leurs deux mères, devenir intelligents en tout et être pour vous la source de satisfactions réelles ! Je leur souhaite d’être spirites convaincus, c’est-à-dire d’être tellement saturés de l’idée d’autres vies, des principes de fraternité, de charité et de solidarité, que les événements qui se précipiteront à leur âge de conscience et de raison ne puissent les étonner ni affaiblir leur confiance dans la justice divine au milieu des épreuves que doit subir l’humanité.


Vous vous étonnez parfois de l’âpreté avec laquelle vos adversaires vous attaquent ; selon eux vous êtes des fous, des illuminés ; vous prenez la fiction pour la vérité ; vous ressuscitez le diable et toutes les erreurs du moyen âge.

A toutes ces attaques, vous savez que répondre serait commencer une polémique sans issue. Votre silence prouve votre force, et en ne leur donnant pas occasion de riposter, ils finiront par se taire.

Ce qui est plus à craindre, c’est l’imprévu. Qu’un changement de gouvernement ait lieu dans le sens ultramontain le plus intolérant, et, certes, vous seriez traqués, conspués, combattus, condamnés, expatriés. Mais les événements, plus forts que les sourdes manœuvres, préparent à l’horizon politique un orage bien noir, et, quand la tempête éclatera, tâchez d’être bien abrités, bien forts, bien désintéressés. Il y aura des ruines, des invasions, des délimitations de frontières, et de ce naufrage immense qui nous viendra de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique, ce qui surnagera, sachez-le, ce sont les âmes bien trempées, les esprits éclairés, tout ce qui est justice, loyauté, honneur, solidarité.

Vos sociétés, telles qu’elles sont organisées, sont-elles parfaites ? Mais vous avez vos parias par millions ; la misère remplit sans cesse vos prisons, vos lupanars et fournit l’échafaud. L’Allemagne voit, comme de tout temps, émigrer ses habitants par centaines de mille, ce qui n’est pas à l’honneur des gouvernements ; le Pape, prince temporel, répand l’erreur dans le monde au lieu de l’Esprit de Vérité dont il est l’artificiel emblème. Partout l’envie ; je vois des intérêts qui se combattent et non des efforts pour relever l’ignorant. Les gouvernements, minés par des principes égoïstes, pensent à s’étayer contre le flot qui monte, et ce flot, c’est la conscience humaine qui s’insurge enfin, après des siècles d’attente, contre la minorité qui exploite les forces vives des nationalités.

Nationalités ! Puisse la Russie ne pas avoir trouvé un écueil terrible, un Cap des Tempêtes, dans ce mot ! Bien-aimé pays, puissent tes hommes d’État ne pas oublier que la grandeur d’un pays ne consiste pas à avoir des frontières indéfinies, beaucoup de provinces et pas de villages, quelques grandes villes dans un océan d’ignorance, des plaines immenses, désertes, stériles, inclémentes comme l’envie, comme tout ce qui est faux et frappe faux. Le soleil aura beau ne pas se coucher sur vos conquêtes, il n’y aura pas moins des déshérités, des grincements de dents, tout un enfer menaçant et béant comme l’immensité.

Et pourtant les nations, comme les gouvernements, ont leur libre arbitre ; comme les simples individualités, elles savent se diriger par l’amour l’union, la concorde ; elles fourniront à l’orage annoncé des éléments électriques propres à mieux les détruire et les désagréger.

Innocent.

En son vivant archevêque de Tauride.   


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