Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Œuvres posthumes — Deuxième Partie.

(Langue portugaise)

Chapitre 21.


IMITATION DE L’ÉVANGILE.


(Ségur, n 9 août 1863, Méd. M. d’A…)

Nota. — Je n’avais communiqué à personne le sujet du livre auquel je travaillais ; j’en avais tenu le titre tellement secret, que l’éditeur, M. Didier, ne le connut que lors de l’impression. Ce titre d’abord fut, pour la première édition : Imitation de l’Évangile. Plus tard, sur les observations réitérées de M. Didier et de quelques autres personnes, il fut changé en celui de : l’Évangile selon le Spiritisme. Les réflexions contenues dans les communications suivantes ne pouvaient donc être le résultat des idées préconçues du médium.


Dem. — Que pensez-vous du nouvel ouvrage auquel je travaille en ce moment ?

Rép. — Ce livre des doctrines aura une influence considérable ; tu y abordes des questions capitales, et non seulement le monde religieux y trouvera les maximes qui lui sont nécessaires, mais la vie pratique des nations y puisera d’excellentes instructions. Tu as bien fait d’aborder les questions de haute morale pratique au point de vue des intérêts généraux, des intérêts sociaux et des intérêts religieux. Le doute doit être détruit ; la terre et ses populations civilisées sont prêtes ; il y a déjà assez longtemps que tes amis d’outre-tombe l’ont défrichée ; jette donc la semence que nous t’avons confiée, parce qu’il est temps que la terre gravite dans l’ordre rayonnant des sphères, et qu’elle sorte enfin de la pénombre et des brouillards intellectuels. Achève ton œuvre, et compte sur la protection de ton guide, notre guide à tous, et sur le concours de tes plus fidèles Esprits au nombre desquels veuille bien toujours me compter.

Dem. — Qu’en dira le clergé ?

Rép. — Le clergé criera à l’hérésie, parce qu’il verra que tu y attaques carrément les peines éternelles et d’autres points sur lesquels il appuie son influence et son crédit. Il criera d’autant plus qu’il se sentira bien autrement blessé que par la publication du Livre des Esprits, dont, à la rigueur, il pouvait accepter les principales données ; mais à présent tu vas entrer dans une nouvelle voie où il ne pourra pas te suivre. L’anathème secret deviendra officiel et les Spirites seront rejetés après les Juifs et les Païens par l’Église romaine. Par contre, les Spirites verront leur nombre s’augmenter en raison de cette sorte de persécution, surtout en voyant les prêtres accuser d’œuvre absolument démoniaque une doctrine dont la moralité éclatera, comme un rayon de soleil, par la publication même de ton nouveau livre, et de ceux qui suivront.

Voilà que l’heure approche où il te faudra ouvertement déclarer le Spiritisme pour ce qu’il est, et montrer à tous où se trouve la véritable doctrine enseignée par le Christ ; l’heure approche où, à la face du ciel et de la terre, tu devras proclamer le Spiritisme comme la seule tradition réellement chrétienne, la seule institution véritablement divine et humaine. En te choisissant, les Esprits savaient la solidité de tes convictions, et que ta foi, comme un mur d’airain, résisterait à toutes les attaques.

Néanmoins, ami, si ton courage n’a pas encore failli à la tâche si lourde que tu as acceptée, sache bien que tu as mangé ton pain blanc le premier, et que voilà l’heure des difficultés venues. Oui, cher Maître, la grande bataille s’apprête ; le fanatisme et l’intolérance soulevés par le succès de ta propagande vont tirer sur toi et les tiens avec des armes empoisonnées. Prépare-toi à la lutte. Mais j’ai foi en toi, comme tu as foi en nous, et parce que ta foi est de celles qui transportent les montagnes et font marcher sur les eaux. Courage donc, et que ton œuvre s’accomplisse. Compte sur nous, et compte surtout sur la grande âme de notre Maître à tous, qui te protège d’une façon toute particulière.

Paris, 14 septembre 1863.


Nota. — J’avais sollicité pour moi une communication sur un sujet quelconque, et demandé qu’elle me fût envoyée à ma retraite de Sainte-Adresse.


« Je veux bien te parler de Paris, quoique l’utilité ne m’en paraisse pas démontrée, attendu que mes voix intimes se font entendre autour de toi et que ton cerveau perçoit nos inspirations avec une facilité dont tu ne te doutes pas toi-même. Notre action, celle surtout de l’Esprit de Vérité, est constante autour de toi, et telle que tu ne peux la récuser. C’est pourquoi je n’entrerai pas dans d’oiseux détails au sujet du plan de ton œuvre que tu as, suivant mes conseils occultes, si largement et si complètement modifié. Tu comprends maintenant pourquoi nous avions besoin de t’avoir sous la main, dégagé de toute autre préoccupation que celle de la doctrine. Une œuvre comme celle que nous élaborons de concert a besoin de recueillement et de l’isolement sacré. Je suis avec un vif intérêt les progrès de ton travail qui sont un pas considérable en avant, et ouvrent enfin au Spiritisme la large voie des applications utiles au bien de la société. Avec cet ouvrage, l’édifice commence à se dégager de ses échafaudages, et l’on peut déjà entrevoir sa coupole se dessiner à l’horizon. Continue donc sans impatience, comme sans lassitude ; le monument sera achevé à l’heure dite.

Nous t’avons déjà entretenu des questions incidentes du moment, c’est-à-dire des questions religieuses. L’Esprit de Vérité t’a parlé des levées de boucliers qui ont lieu à l’heure qu’il est ; ces hostilités prévues sont nécessaires pour tenir en éveil l’attention des hommes si faciles à se laisser détourner d’un sujet sérieux. Aux soldats qui combattent pour la cause, vont se joindre incessamment de nouveaux combattants dont la parole et les écrits feront sensation et porteront le trouble et la confusion dans les rangs des adversaires.

Adieu, cher compagnon d’autrefois, disciple fidèle de la vérité, qui continue à travers la vie l’œuvre à laquelle nous avons juré jadis, entre les mains du grand Esprit qui t’aime et que je vénère, de consacrer nos forces et nos existences jusqu’à ce qu’elle soit achevée. Salut à toi. »


Remarque. — Le plan de l’ouvrage avait, en effet, été complètement modifié, ce qu’assurément le médium ne pouvait savoir, puisqu’il était à Paris et moi à Sainte-Adresse ; il ne pouvait savoir non plus que l’Esprit de Vérité m’avait parlé au sujet de la levée des boucliers de l’Évêque d’Alger et autres. Toutes ces circonstances étaient bien faites pour me confirmer la part que les Esprits prenaient à mes travaux. [Voir l’APPENDICE.]



[1] [v. domicile personnel de M. Allan Kardec.]


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