Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XI — Octobre 1868.

(Langue portugaise)

EFFET MORALISATEUR DE LA RÉINCARNATION.

Le Figaro du 5 avril 1868, le même journal qui, deux jours auparavant, publiait cette définition de l’immortalité : « Conte de gardemalades pour tranquilliser leurs clients, » et la lettre rapportée à l’article précédent [Obsèques de madame Victor Hugo,] contenait l’article suivant :


« Le compositeur E… croit fermement à la migration des âmes. Il raconte volontiers qu’il a été, dans les siècles antérieurs, esclave grec, puis histrion et compositeur italien célèbre, mais jaloux et empêchant ses confrères de se produire…

« — J’en suis bien puni aujourd’hui, ajoute-t-il avec philosophie, c’est à mon tour d’être sacrifié aux autres et de me voir barrer les chemins !

« Cette façon de se consoler en vaut bien une autre. »


Cette idée est du pur Spiritisme, car, non-seulement c’est le principe de la pluralité des existences, mais celui de l’expiation du passé, par la peine du talion, dans les existences successives, selon la maxime : « On est toujours puni par où l’on a péché. » Ce compositeur s’explique ainsi ses tribulations ; il s’en console par la pensée qu’il n’a que ce qu’il mérite ; la conséquence de cette pensée est que, pour ne pas le mériter de nouveau, il est de son intérêt même de chercher à s’améliorer ; cela ne vaut-il pas mieux que de se brûler la cervelle, ce à quoi le conduirait logiquement la pensée du néant ?

Cette croyance est donc une cause puissante et toute naturelle de moralisation ; elle est saisissante par l’actualité et le fait matériel des misères qu’on endure, et que, faute de pouvoir se les expliquer, on met sur le compte de la fatalité ou de l’injustice de Dieu ; elle est compréhensible pour tout le monde, pour l’enfant et pour l’homme le plus illettré, parce qu’elle n’est ni abstraite ni métaphysique ; il n’est personne qui ne comprenne qu’on peut avoir déjà vécu, et que si l’on a déjà vécu, on peut revivre encore. Puisque ce n’est pas le corps qui peut revivre, c’est la sanction la plus patente de l’existence de l’âme, de son individualité et de son immortalité.

C’est donc à la populariser que doivent tendre les efforts de tous ceux qui s’occupent sérieusement de l’amélioration des masses ; c’est pour eux un puissant levier avec lequel ils feront plus que par l’idée des diables et de l’enfer, dont on se rit aujourd’hui.

Comme elle est à l’ordre du jour, qu’elle germe de tous les côtés, que sa logique la fait facilement accepter, elle ouvre tout naturellement aux Spirites une porte pour la propagation de la doctrine. Qu’ils s’attachent donc à cette idée, dont personne ne rit, qui est acceptée par les penseurs les plus sérieux, et amèneront plus de prosélytes par cette voie que par celle des manifestations matérielles. Puisque c’est aujourd’hui la corde sensible, c’est celle qu’il faut attaquer, et quand elle aura vibré, le reste viendra de soi-même. A ceux donc que le seul mot de Spiritisme effarouche, n’en parlez pas ; parlez de la pluralité des existences, des nombreux écrivains qui préconisent cette idée ; parlez aussi, aux affligés surtout, comme le fait Victor Hugo, de la présence autour de nous des êtres chéris que l’on a perdus ; ils vous comprendront, et, plus tard, ils seront tout surpris d’être Spirites sans s’en être doutés.


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