Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XI — Novembre 1868.

(Langue portugaise)

LE SPIRITISME PARTOUT.


LES LOISIRS D’UN SPIRITE AU DÉSERT.

Nous reproduisons sans commentaires les passages suivants d’une lettre que nous écrivait, au mois de mars dernier, un de nos correspondants, capitaine dans l’armée d’Afrique.


« Le Spiritisme s’étend dans le nord de l’Afrique, et gagnera le centre si les Français s’y dirigent. Le voilà qui pénètre à Laghouat,  †  sur les bords du Sahara, au 33e degré de latitude. J’ai prêté vos livres ; quelques-uns de mes camarades ont lu ; nous avons discuté, et force et raison sont restées à la doctrine.

« Depuis quelques années je me livre à l’étude de l’anatomie, de la physiologie et de la psychologie comparées. Le même courant d’idées m’a entraîné vers l’étude des animaux. J’ai pu me rendre compte, par l’observation, que tous les organes, tous les appareils, se simplifient en descendant vers les races et les espèces inférieures. Comme la nature est belle à étudier ! Combien on sent l’esprit partout répandu ! Quelquefois je passe de longues heures à suivre les habitudes et les mouvements de la vie des insectes et des reptiles de ces régions ; j’assiste à leurs luttes, à leurs efforts, à leurs ruses pour assurer leur existence ; je contemple la bataille des espèces. Le Sahara, sur les bords duquel nous sommes campés depuis plus d’un an, si désert pour mes camarades, me paraît au contraire bien peuplé ; où ils trouvent l’exil, je rencontre la liberté ! C’est que je sais que Dieu est partout, et que chacun porte le bonheur en soi-même. Que je sois au pôle ou à l’équateur, mes amis de l’espace m’y suivront, et je sais que les chers invisibles peuvent peupler les plus tristes solitudes. Ce n’est pas que je dédaigne la société de mes semblables, ni que je sois indifférent aux affections que j’ai conservées en France, oh non ! car il me tarde de revoir et d’embrasser ma famille et tous ceux qui me sont chers, mais c’est seulement pour témoigner qu’on peut être heureux sur quelque point du globe qu’on se trouve, quand on prend Dieu pour guide. Pour le Spirite il n’y a jamais d’isolement ; il se sait, il se sent constamment entouré d’êtres bienveillants avec lesquels il est en communion de pensées.

« Votre dernier ouvrage, la Genèse, que je viens de relire, et sur divers chapitres duquel je me suis tout particulièrement arrêté, nous dévoile les mystères de la création et porte un coup terrible aux préjugés. Cette lecture m’a fait un bien immense et ouvert de nouveaux horizons. Je comprenais déjà notre origine, et je voyais dans mon corps matériel le dernier anneau de l’animalité sur la terre ; je savais que l’esprit, pendant sa gestation corporelle, prend une part active à la construction de son nid et approprie son enveloppe à ses nouveaux besoins. Cette théorie de l’origine de l’homme pourra paraître aux orgueilleux attentatoire à la grandeur et à la dignité humaine, mais elle sera acceptée dans l’avenir à cause de sa simplicité et de son ampleur saisissantes.

« La géologie, en effet, nous fait lire dans le grand livre de la nature. Par elle, nous trouvons que les espèces d’aujourd’hui auraient pour aïeules les espèces dont les restes se retrouvent dans les couches terrestres ; on ne petit plus nier qu’il y a une progression continuelle dans le développement des formes organiques, quand nous voyons les types les plus simples apparaître les premiers. Ces types ont été modifiés par les instincts des animaux eux-mêmes pourvus d’organes appropriés à leurs nouveaux besoins et à leur développement. Du reste, la nature change les types quand le besoin s’en fait sentir ; la vie multiplie graduellement ses organes et les spécialise. Les espèces sortent les unes des autres, sans qu’il soit nécessaire d’intervention miraculeuse. Adam n’est point sorti armé de toutes pièces des mains du Créateur ; bien certainement qu’un chimpanzé lui donna le jour.

« Les espèces ne sont pas absolument indépendantes les unes des autres ; elles se rattachent par une filiation secrète, et l’on peut même les regarder comme solidaires jusqu’à l’humanité. Comme vous le dites si judicieusement, depuis le zoophyte jusqu’à l’homme, il y a une chaîne dont tous les anneaux ont un point de contact avec l’anneau précédent. Et de même que l’esprit monte et ne peut rester stationnaire, de même aussi l’instinct de l’animal progresse, et chaque incarnation lui fait franchir un degré de l’échelle des êtres. Les phases de ces métamorphoses se comptent par des milliers d’anneaux, et les formes rudimentaires, dont quelques échantillons se retrouvent dans les terrains siluriens, nous disent par où est passée l’animalité.

« Il ne doit plus y avoir de voile entre la nature et l’homme, et rien ne doit rester caché. La terre est notre domaine : c’est à nous d’en étudier les lois ; c’est l’ignorance et la paresse qui ont créé les mystères. Combien Dieu nous apparaît plus grand dans l’harmonie et l’unité de ses lois !

« Je plains sincèrement les gens qui s’ennuient, car c’est une preuve qu’ils ne pensent à personne, et que leur esprit est vide comme l’estomac de l’individu qui a faim. »


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