Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année IX — Mars 1866.

(Langue portugaise)

LA LOI HUMAINE.

Instruction de l’Esprit de M. Bonnamy père.

La loi humaine, comme toutes choses, est soumise au progrès ; progrès lent, insensible, mais constant.

Quelque admirables que soient, pour certaines gens, les législations antiques des Grecs et des Romains, elles sont bien inférieures à celles qui gouvernent les populations avancées de votre époque ! — Que voyons-nous, en effet, à l’origine de tout peuple ? — Un code de coutumes et d’us puisant sa sanction dans la force et ayant pour moteur l’égoïsme le plus absolu. Quel est le but de tous les législateurs primitifs ? — Détruire le mal et ses instruments pour la plus grande paix de la société. A-t-on souci du criminel ? — Non. — Le frappe-t-on pour le corriger et lui montrer la nécessité d’une conduite plus modérée à l’égard de ses concitoyens ? Est-ce en vue de son amélioration ? — Point du tout ; c’est exclusivement pour préserver la société de ses atteintes, société égoïste qui rejette impitoyablement de son sein tout ce qui peut troubler sa tranquillité. Aussi toutes les répressions sont-elles excessives et la peine de mort est le plus généralement appliquée.

Cela est concevable, lorsque l’on considère la liaison intime qui existe entre la loi et le principe religieux. Tous deux avancent de concert vers un but unique, en se soutenant mutuellement.

La religion consacre-t-elle les jouissances matérielles et toutes les satisfactions des sens ? la loi dure et excessive frappe le criminel pour débarrasser la société d’un hôte importun. La religion se transforme-t-elle, consacre-t-elle la vie de l’âme et son indépendance de la matière ? Elle réagit aussitôt sur la législation, lui démontre la responsabilité qui lui incombe, dans l’avenir du violateur de la loi ; de là, l’assistance du ministre, quel qu’il soit, aux derniers moments du condamné. On le frappe encore, mais déjà on a souci de cet être qui ne meurt pas tout entier avec son corps et dont la partie spirituelle va recevoir le châtiment que les hommes ont infligé à l’élément matériel.

Au moyen âge et depuis l’ère chrétienne, la législation reçoit du principe religieux une influence de plus en plus notable. Elle perd peu de sa cruauté, mais ses mobiles encore absolus et cruels ont complètement changé de direction.

Tout comme la science, la philosophie et la politique, la jurisprudence a ses révolutions, qui ne doivent s’opérer que lentement pour être acceptées par la généralité des êtres qu’elles intéressent. Une nouvelle institution, pour porter fruit, ne doit pas être imposée. L’art du législateur est de préparer les esprits de manière à la faire désirer et considérer comme un bienfait… Tout novateur, de quelques bonnes intentions qu’il soit animé, quelque louables que soient ses desseins, sera considéré comme un despote dont il faut secouer le joug, s’il veut s’imposer, fût-ce même par des bienfaits. — L’homme, par son principe, est essentiellement libre, et veut accepter sans contrainte. De là, les difficultés que rencontrent les hommes trop avancés pour leur temps ; de là, les persécutions dont ils sont accablés. Ils vivent dans l’avenir ! d’un siècle ou deux en avance sur la masse de leurs contemporains, ils ne peuvent qu’échouer et se briser contre la routine réfractaire.

Au moyen âge donc, on avait souci de l’avenir du criminel ; on songeait à son âme, et pour l’amener à résipiscence, on l’effrayait des châtiments de l’enfer, des flammes éternelles que lui infligerait, pour un entraînement coupable, un Dieu infiniment juste et infiniment bon !

Ne pouvant s’élever à la hauteur de Dieu, les hommes pour se grandir le ravalaient à leurs mesquines proportions ! On s’inquiétait de l’avenir du criminel ; on songeait à son âme, non pour elle-même, mais en raison d’une nouvelle transformation de l’égoïsme, qui consistait à se mettre la conscience en repos, en réconciliant le pécheur avec son Dieu.

Peu à peu, dans le cœur et la pensée d’un petit nombre, l’iniquité d’un pareil système parut évidente. D’éminents esprits tentèrent des modifications prématurées, mais qui, néanmoins, portèrent fruit en établissant des précédents sur lesquels se base la transformation qui s’accomplit aujourd’hui en toutes choses.

Longtemps encore sans doute, la loi sera répressive et châtiera les coupables. Nous ne sommes pas encore arrivés à ce moment où la seule conscience de la faute sera le plus cruel châtiment de celui qui l’aura commise ; mais, vous le voyez tous les jours, les peines s’adoucissent ; on a en vue la moralisation de l’être ; on crée des institutions pour préparer sa rénovation morale ; on rend son abaissement utile à lui-même et à la société. Le criminel ne sera plus la bête fauve dont il faut à tout prit purger le monde ; ce sera l’enfant égaré dont il faut redresser le jugement faussé par les mauvaises passions et l’influence d’un milieu pervers !

Ah ! le magistrat et le juge ne sont pas les seuls responsables et les seuls à agir en cette affaire ; tout homme de cœur, prince, sénateur, journaliste, romancier, législateur, professeur et artisan, tous doivent mettre la main à l’œuvre et apporter leur obole à la régénération de l’humanité.

La peine de mort, vestige infamant de la cruauté antique, disparaîtra par la force des choses. La répression, nécessaire dans l’état actuel, s’adoucira chaque jour ; et, dans quelques générations, la seule condamnation, la mise hors loi d’un être intelligent sera le dernier degré de l’infamie, jusqu’à ce que, de transformations en transformations, la conscience de chacun demeure seule juge et bourreau du criminel.

Et à qui devra-t-on tout ce travail ? Au Spiritisme, qui, depuis le commencement du monde, agit par ses révélations successives, comme mosaïsme, Christianismes et Spiritisme proprement dit ! – Partout, à chaque période, son influence bienfaisante éclate à tous les yeux, et il y a encore des êtres assez aveugles pour ne pas le reconnaître, assez intéressés à le terrasser pour en nier l’existence ! Ah ! ceux-là sont à plaindre, car ils luttent contre une force invincible : contre le doigt de Dieu.

Bonnamy père.

(Méd., M. Desliens.)   



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