Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année VII — Août 1864.

(Langue portugaise)

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES.


LES MIRACLES DE NOS JOURS.

Par Aug. Bez. n

1. — Sous ce titre, M. Aug. Bez, de Bordeaux,  †  vient de publier le récit des manifestations de Jean Hillaire, médium remarquable [Voir : Procès Hillaire.] dont les facultés rappellent, sous plusieurs rapports, celles de M. Home, et même les dépassent à certains égards.

M. Home est un homme du monde, aux manières douces et pleines d’urbanité, qui ne s’est révélé qu’à la plus haute aristocratie. Jean Hillaire est un simple cultivateur de la Charente-Inférieure,  †  peu lettré, et vivant de son travail ; ses plus grandes excursions ont été, paraît-il, de Sonnac,  †  son village, à Saint-Jean-d’Angély et à Bordeaux ; mais Dieu, dans la répartition de ses dons, ne tient pas compte des positions sociales ; il veut que la lumière se fasse à tous les degrés de l’échelle, c’est pourquoi il les accorde au plus petit comme au plus grand.

La critique et l’odieuse calomnie n’ont pas épargné M. Home ; sans égard pour les hauts personnages qui l’ont honoré de leur estime, qui l’ont reçu et le reçoivent encore dans leur intimité à titre de commensal et d’ami, la railleuse incrédulité, qui ne respecte rien, s’est plu à le bafouer, à le présenter comme un vil charlatan, un habile escamoteur, en un mot, comme un saltimbanque de bonne compagnie ; elle n’a même pas été arrêtée par la pensée que de telles attaques atteignaient l’honorabilité des personnes les plus respectables, accusées, par cela même, de compérage avec un prétendu faiseur de dupes. Nous avons dit à son sujet qu’il suffit de l’avoir vu pour juger qu’il serait le plus maladroit charlatan, car il n’en a ni les allures tranchantes, ni la faconde, qui ne s’accorderaient pas avec sa timidité habituelle. Qui d’ailleurs pourrait dire qu’il ait jamais mis un prix à ses manifestations ? Le motif qui le conduisait dernièrement à Rome, d’où il a été expulsé, pour s’y perfectionner dans l’art de la sculpture et s’en faire une ressource, est le démenti le plus formel donné à ses détracteurs ; mais qu’importe ! ils ont dit que c’est un charlatan, et ils n’en veulent pas démordre.

Ceux qui connaissent Hillaire ont pu se convaincre également qu’il serait un charlatan encore plus maladroit. Nous ne saurions trop le répéter : le mobile du charlatanisme est toujours l’intérêt ; où il n’y a rien à gagner, le charlatanisme est sans but ; où il y a à perdre, ce serait une stupidité. Or, quel profit matériel Hillaire a-t-il tiré de ses facultés ?

Beaucoup de fatigues, une grande perte de temps, des ennuis, des persécutions, des calomnies. Ce qu’il y a gagné, et ce qui pour lui n’a pas de prix, c’est une foi vive qu’il n’avait pas, en Dieu, en sa bonté, en l’immortalité de l’âme et en la protection des bons Esprits ; ce n’est pas précisément là le fruit que cherche le charlatanisme. Mais il sait aussi que cette protection ne s’obtient qu’en s’améliorant ; c’est ce qu’il s’efforce de faire, et ce n’est pas non plus ce qui touche les charlatans. C’est aussi ce qui lui fait supporter avec patience les vicissitudes et les privations.

Une garantie de sincérité, en pareil cas, est donc dans le désintéressement absolu ; avant d’accuser un homme de charlatanisme, il faut se demander quel profit il trouve à faire des dupes, car les charlatans ne sont pas assez sots pour ne rien gagner, et encore moins pour perdre au lieu de gagner. Aussi les médiums ont-ils une réponse péremptoire à faire aux détracteurs, en leur disant : Combien m’a-t-on payé pour faire ce que je fais ? Une garantie non moins grande, et de nature à faire une vive impression, c’est la réforme de soi-même. Une conviction profonde peut seule porter un homme à se vaincre, à se débarrasser de ce qu’il y a de mauvais en lui, et à résister aux pernicieux entraînements. Ce n’est plus alors seulement la faculté qu’on admire, c’est la personne qu’on respecte et qui impose à la raillerie.


2. — Les manifestations qu’obtient Hillaire sont pour lui une chose sainte ; il les considère comme une faveur de Dieu. Les sentiments qu’elles lui inspirent sont résumés dans les paroles suivantes, extraites du livre de M. Bez :

« Le bruit de ces nouveaux phénomènes se répandit de toutes parts avec la rapidité de l’éclair. Tous ceux qui, jusque-là, n’avaient pas encore assisté à des manifestations spirites furent dévorés de l’envie de voir. Plus que jamais Hillaire fut harcelé de demandes, d’invitations de toutes sortes. Des offres d’argent lui furent faites par plusieurs personnes, afin de le décider à donner des séances chez elles ; mais Hillaire a toujours eu la conviction profonde que ses facultés ne lui sont données que dans un but de charité, afin d’amener la foi dans l’âme des incrédules et de les arracher ainsi au matérialisme qui les ronge sans pitié et les plonge dans l’égoïsme et la débauche. Depuis que Dieu lui a fait la grâce de se servir de lui pour éclairer ses compatriotes, depuis que des manifestations d’un ordre si élevé se sont produites par son intermédiaire, le simple médium de Sonnac a considéré sa médianimité comme un pur sacerdoce, et il est persuadé que, du jour où il accepterait la moindre rétribution, ses facultés lui seraient retirées, ou seraient livrées comme jouet aux Esprits mauvais ou légers, qui ne s’en serviraient que pour faire le mal ou mystifier tous ceux qui auraient encore l’imprudence de s’adresser à lui. Et pourtant, la position pécuniaire de cet humble instrument est dans un état très précaire. Sans fortune, il faut qu’il gagne son pain à la sueur de son visage, et souvent la grande fatigue qu’il éprouve quand se produisent quelques manifestations importantes, nuit beaucoup aux forces qui lui sont nécessaires pour manier la pioche et la bêche, ces deux instruments qu’il lui faut sans cesse avoir entre les mains »


3. — Dans les moments de détresse qui, comme pour Job, avaient pour but d’éprouver sa foi et sa résignation, Hillaire a trouvé asile et assistance chez des amis reconnaissants qui lui devaient leur consolation par le Spiritisme. Est-ce là ce qu’on peut appeler mettre un prix aux manifestations des Esprits ? Non certes ; c’est un secours que Dieu lui a envoyé, qu’il pouvait et devait même accepter sans scrupule ; sa conscience peut être en repos, car il n’a point trafiqué des dons qu’il a reçus gratuitement ; il n’a point vendu les consolations aux affligés ni la foi qu’il donnait aux incrédules. Quant à ceux qui lui sont venus en aide, ils ont rempli un devoir de fraternité dont ils seront récompensés.

Les facultés d’Hillaire sont très multiples ; il est médium voyant de premier ordre, auditif, parlant, extatique, et de plus écrivain. Il a obtenu de l’écriture directe et des apports très remarquables. Plusieurs fois il a été soulevé et a franchi l’espace sans toucher le sol, ce qui n’est pas plus surnaturel que de voir s’enlever une table. Toutes les communications et toutes les manifestations qu’il obtient attestent l’assistance de très bons Esprits, et ont toujours lieu en pleine lumière. Il entre souvent et spontanément dans le sommeil somnambulique, et c’est presque toujours dans cet état que se produisent les phénomènes les plus extraordinaires.


4. — L’ouvrage de M. Bez est écrit avec simplicité et sans exaltation. Non-seulement l’auteur dit ce qu’il a vu, mais il cite les nombreux témoins oculaires dont la plupart se sont trouvés personnellement intéressés dans les manifestations ; ceux-ci n’eussent pas manqué de protester contre les inexactitudes, si surtout il leur eût fait jouer un rôle contraire à ce qui s’est passé ; l’auteur, justement estimé et considéré à Bordeaux, ne se serait pas exposé à recevoir de pareils démentis. Au langage on reconnaît consciencieux qui se ferait un scrupule d’altérer sciemment la vérité. Du reste, il n’est pas un seul de ces phénomènes dont la possibilité ne soit démontrée par les explications qui se trouvent dans le Livre des Médiums.

Cet ouvrage diffère de celui de M. Home, en ce que, au lieu d’être un simple recueil de faits parfois trop souvent répétés, sans déductions ni conclusions, il renferme sur presque tous ceux qui sont rapportés, des appréciations morales et des considérations philosophiques qui en font un livre à la fois intéressant et instructif, et où l’on reconnaît le Spirite, non-seulement convaincu, mais éclairé.


5. — Quant à Hillaire, en le félicitant de son dévouement, nous l’engageons à ne jamais perdre de vue que ce qui fait le principal mérite d’un médium, ce n’est pas la transcendance de ses facultés, qui peuvent lui être retirées d’un moment à l’autre, mais le bon usage qu’il en fait ; de cet usage dépend la continuation de l’assistance des bons Esprits, car il y a une grande différence entre un médium bien doué et celui qui est bien assisté. Le premier n’excite que la curiosité ; le second, touché lui-même au cœur, réagit moralement sur les autres en raison de ses qualités personnelles. Nous souhaitons, autant dans son propre intérêt que dans celui de la cause, que les éloges d’amis souvent plus enthousiastes que prudents ne lui ôtent rien de sa simplicité et de sa modestie, et ne le fassent pas tomber dans le piège de l’orgueil qui a déjà perdu tant de médiums.



[1] [Les miracles de nos jours, ou, Les manifestations extraordinaires: obtenues par l’intermédiaire de Jean Hillaire, cultivateur à Sonnac (Charente-Inférieure)  — Google Books.]


Il y a une image de ce article dans le service Google — Recherche de livres (Revue Spirite 1864). [Remarque du compilateur : Lors de la numérisation de la Revue Spirite d’août 1863, qui n’existe pas, les articles du mois d’août 1864 ont été numérisés, avec la même identification que la Revue Spirite de 1863. (id=0ehAAAAAYAAJ)]


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