Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Qu’est-ce que le Spiritisme.

(Première version) n
(Langue portugaise)

Chapitre premier.


PETITE CONFÉRENCE SPIRITE.


DEUXIÈME ENTRETIEN. — LE SCEPTIQUE.
(Sommaire)


1. Le Visiteur. — Je comprends, Monsieur, l’utilité de l’étude préalable dont vous venez de parler. Comme prédisposition personnelle, je vous dirai que je ne suis ni pour ni contre le spiritisme, mais que le sujet, par lui-même, excite au plus haut point mon intérêt. Dans le cercle de mes connaissances se trouvent des partisans, mais aussi des adversaires ; j’ai entendu à cet égard des arguments très contradictoires ; je me proposais de vous soumettre quelques-unes des objections qui ont été faites en ma présence, et qui me semblent avoir une certaine valeur, pour moi du moins qui confesse mon ignorance.


Allan Kardec. — Je me fais un plaisir, monsieur, de répondre aux questions que l’on veut bien m’adresser, quand elles sont faites avec sincérité et sans arrière-pensée, sans me flatter, cependant, de pouvoir les résoudre toutes. Le spiritisme est une science qui vient de naître et où il y a encore bien à apprendre ; il serait donc par trop présomptueux à moi de prétendre lever toutes les difficultés : je ne puis dire que ce que je sais.

Le spiritisme touche à toutes les branches de la philosophie, de la métaphysique, de la psychologie et de la morale ; c’est un champ immense qui ne peut être parcouru en quelques heures. Or vous comprenez, monsieur, qu’il me serait matériellement impossible de répéter de vive voix et à chacun en particulier tout ce que j’ai écrit sur ce sujet à l’usage de tout le monde. Dans une lecture sérieuse préalable, on trouvera, d’ailleurs, la réponse à la plupart des questions qui viennent naturellement à la pensée ; elle a le double avantage d’éviter des répétitions inutiles, et de prouver un désir sérieux de s’instruire. Si, après cela, il reste encore des doutes ou des points obscurs, l’explication en devient plus facile, parce qu’on s’appuie sur quelque chose, et l’on ne perd pas son temps à revenir sur les principes les plus élémentaires. Si vous le permettez, nous nous bornerons donc, jusqu’à nouvel ordre, à quelques questions générales.


2. Le Visiteur. —  Soit ; veuillez, je vous prie, me rappeler à l’ordre si je m’en écarte.


SPIRITISME ET SPIRITUALISME


Je vous demanderai d’abord quelle nécessité il y avait à créer les mots nouveaux de spirite, spiritisme pour remplacer ceux de spiritualisme, spiritualiste qui sont dans la langue vulgaire et compris de tout le monde ? J’entendais quelqu’un traiter ces mots de barbarismes.


A. K. — Le mot spiritualiste a depuis longtemps une acception bien déterminée ; c’est l’Académie qui nous la donne : Spiritualiste, celui ou celle dont la doctrine est opposée au matérialisme. Toutes les religions sont nécessairement fondées sur le spiritualisme. Quiconque croit qu’il y a en nous autre chose que de la matière est spiritualiste, ce qui n’implique pas la croyance aux Esprits et à leurs manifestations. Comment le distinguerez-vous de celui qui y croit ? Il faudra donc employer une périphrase et dire : C’est un spiritualiste qui croit ou ne croit pas aux Esprits. Pour les choses nouvelles, il faut des mots nouveaux, si l’on veut éviter les équivoques. Si j’avais donné à ma Revue la qualification de Spiritualiste, je n’en aurais nullement spécifié l’objet, car, sans faillir à mon titre, j’aurais pu ne pas dire un mot des Esprits et même les combattre. Je lisais il y a quelque temps dans un journal, à propos d’un ouvrage de philosophie, un article où il était dit que l’auteur l’avait écrit au point de vue spiritualiste ; or, les partisans des Esprits auraient été singulièrement désappointés si, sur la foi de cette indication, ils avaient cru y trouver la moindre concordance avec leurs idées. Si donc j’ai adopté les mots spirite, spiritisme, c’est parce qu’ils expriment sans équivoque les idées relatives aux Esprits. Tout spirite est nécessairement spiritualiste, mais il s’en faut que tous les spiritualistes soient spirites. Les Esprits seraient une chimère qu’il serait encore utile d’avoir des termes spéciaux pour ce qui les concerne, car il faut des mots pour les idées fausses comme pour les idées vraies.

Ces mots d’ailleurs ne sont pas plus barbares que tous ceux que les sciences, les arts et l’industrie créent chaque jour ; ils ne le sont assurément pas plus que ceux que Gall a imaginés pour sa nomenclature des facultés, tels que : Secrétivité, amativité, combativité, alimentivité, affectionivité, etc. Il y a des gens qui, par esprit de contradiction, critiquent tout ce qui ne vient pas d’eux, et veulent se donner un .air d’opposition ; ceux qui soulèvent d’aussi misérables chicanes ne prouvent qu’une chose, c’est la petitesse de leurs idées. S’attaquer à des bagatelles semblables, c’est prouver qu’on est à court de bonnes raisons.

Spiritualisme, spiritualiste sont les mots anglais employés aux États-Unis dès le début des manifestations : on s’en est d’abord servi quelque temps en France ; mais, dès que parurent ceux de spirite, spiritisme, on en comprit si bien l’utilité qu’ils furent immédiatement acceptés par le public. Aujourd’hui l’usage en est tellement consacré, que les adversaires eux-mêmes, ceux qui, les premiers, ont crié au barbarisme, n’en emploient pas d’autres. Les sermons et les mandements qui fulminent contre le spiritisme et les spirites, n’auraient pu, sans porter la confusion dans les idées, jeter l’anathème au spiritualisme et aux spiritualistes.

Barbares ou non, ces mots sont désormais passés dans la langue usuelle et dans toutes les langues de l’Europe ; ce sont les seuls employés dans toutes les publications pour ou contre faites dans tous les pays. Ils ont formé la tête de colonne de la nomenclature de la nouvelle science ; pour exprimer les phénomènes spéciaux de cette science, il fallait des termes spéciaux ; le spiritisme a désormais sa nomenclature, comme la chimie a la sienne. n

Les mots spiritualisme et spiritualiste appliqués aux manifestations des Esprits, ne sont plus employés aujourd’hui que par les adeptes de l’école dite américaine.



[1] Cette SIXIÈME ÉDITION de 1865, est une révision de la PREMIÈRE VERSION de ce livre publiée en 1859, il a été considérablement augmentée par l’auteur (v. Revue spirite). Il y a une image de ce chapitre dans le service Google - Recherche de livres. (Qu’est-ce que le Spiritisme.)


[2] Os mots d’ailleurs ont aujourd’hui droit de bourgeoisie ; ils sont dans le supplément du Petit Dictionnaire des Dictionnaires français, extrait de Napoléon Landais, ouvrage qui se tire à vingt mille exemplaires. On y trouve la définition et l’étymologie des mots : erraticité, médianimique, médium, médiumnité, périsprit, pneumatographie, pneumatophonie, psychographe, psychographie, psychophonie, réincarnation, sématologie, spirite, spiritisme, spiritiste, stéréorite, typlologie. Ils se trouvent également, avec tous les développements qu’ils comportent, dans la nouvelle édition du Dictionnaire universel de Maurice Lachâtre.


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