Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

Index | Accueil |  Continuer

Le Ciel et l’Enfer — Deuxième Partie.

ESPRITS HEUREUX.
(Langue portugaise)

Chapitre II.

[Exemple 2.]

M. JOBARD.


Directeur du Musée de l’industrie de Bruxelles ; né à Baissey (Haute Marne) ; mort à Bruxelles, d’une attaque d’apoplexie foudroyante, le 27 octobre 1861, à l’âge de soixante-neuf ans.
[v. Revue spirite décembre 1861 : Nécrologie.]

1. — M. Jobard n était président honoraire de la Société spirite de Paris ; on se proposait de l’évoquer dans la séance du 8 novembre, lorsqu’il a prévenu ce désir en donnant spontanément la communication suivante :

2 Me voici, moi que vous allez évoquer et qui veux me manifester d’abord à ce médium que j’ai vainement sollicité jusqu’ici. 3 Je veux d’abord vous raconter mes impressions au moment de la séparation de mon âme ; j’ai senti un ébranlement inouï, je me suis rappelé tout à coup ma naissance, ma jeunesse, mon âge mûr ; toute ma vie s’est retracée nettement à mon souvenir. 4 Je n’éprouvais qu’un pieux désir de me retrouver dans les régions révélées par notre chère croyance ; puis, tout ce tumulte s’est apaisé. J’étais libre et mon corps gisait inerte. Ah ! mes chers amis, quelle ivresse de dépouiller la pesanteur du corps ! quelle ivresse d’embrasser l’espace ! Ne croyez cependant pas que je sois devenu tout à coup un élu du Seigneur ; non, je suis parmi les Esprits qui, ayant un peu retenu, doivent encore beaucoup apprendre. Je n’ai pas tardé à me souvenir de vous, mes frères en exil, et, je vous l’assure, toute ma sympathie, tous mes voeux vous ont enveloppés.

5 Vous voulez savoir quels sont les Esprits qui m’ont reçu ? quelles ont été mes impressions ? Mes amis ont été tous ceux que nous évoquons, tous les frères qui ont partagé nos travaux. J’ai vu la splendeur, mais je ne puis la décrire. Je me suis appliqué à discerner ce qui était vrai dans les communications, prêt à redresser toutes les assertions erronées ; prêt, enfin, à être le chevalier de la vérité dans l’autre monde, comme je l’ai été dans le vôtre.

Jobard.


1. De votre vivant, vous nous aviez recommandé de vous appeler quand vous auriez quitté la terre ; nous le faisons, non seulement pour nous conformer à votre désir, mais surtout pour vous renouveler le témoignage de notre bien vive et sincère sympathie, et aussi dans l’intérêt de notre instruction, car vous, mieux que personne, êtes à même de nous donner des renseignements précis sur le monde où vous vous trouvez. Nous serons donc heureux si vous voulez bien répondre à nos questions. — R. A cette heure, ce qui importe le plus, c’est votre instruction. Quant à votre sympathie, je la vois, et je n’en entends plus seulement l’expression par les oreilles, ce qui constitue un grand progrès.


2. Pour fixer nos idées, et ne pas parler dans le vague, nous vous demanderons d’abord à quelle place vous êtes ici, et comment nous vous verrions si nous pouvions vous voir ? — R. Je suis près du médium ; vous me verriez sous l’apparence du Jobard qui s’asseyait à votre table, car vos yeux mortels non dessillés ne peuvent voir les Esprits que sous leur apparence mortelle.


3. Auriez-vous la possibilité de vous rendre visible pour nous, et si vous ne le pouvez pas, qu’est-ce qui s’y oppose ? — R. La disposition qui vous est toute personnelle. Un médium voyant me verrait : les autres ne me voient pas.


4. Cette place est celle que vous occupiez de votre vivant, quand vous assistiez à nos séances, et que nous vous avons réservée. Ceux donc qui vous y ont vu, doivent se figurer vous y voir tel que vous étiez alors. Si vous n’y êtes pas avec votre corps matériel, vous y êtes avec votre corps fluidique qui a la même forme ; si nous ne vous voyons pas avec les yeux du corps, nous vous voyons avec ceux de la pensée ; si vous ne pouvez vous communiquer par la parole, vous pouvez le faire par l’écriture à l’aide d’un interprète ; nos rapports avec vous ne sont donc nullement interrompus par votre mort, et nous pouvons nous entretenir avec vous aussi facilement et aussi complètement qu’autrefois. Est-ce bien ainsi que sont les choses ? — 2 R. Oui, et vous le savez depuis longtemps. Cette place, je l’occuperai souvent, et à votre insu même, car mon Esprit habitera parmi vous.

3 Nous appelons l’attention sur cette dernière phrase : « Mon Esprit habitera parmi vous. » Dans la circonstance présente, ce n’est point une figure, mais une réalité. Par la connaissance que le Spiritisme nous donne de la nature des Esprits, on sait qu’un Esprit peut être parmi nous, non seulement par la pensée, mais de sa personne, à l’aide de son corps éthéré, qui en fait une individualité distincte. Un Esprit peut donc habiter parmi nous après la mort, aussi bien que du vivant de son corps ; et mieux encore, puisqu’il peut venir et s’en aller quand il veut. 4 Nous avons ainsi une foule de commensaux invisibles, les uns indifférents, les autres qui nous sont attachés par l’affection ; c’est à ces derniers surtout que s’applique cette parole : « Ils habitent parmi nous », qui peut se traduire ainsi : Ils nous assistent, nous inspirent et nous protègent.


5. Il n’y a pas très longtemps que vous étiez assis à cette même place ; les conditions dans lesquelles vous y êtes maintenant vous semblent-elles étranges ? — Quel effet ce changement produit-il en vous ? — R. Ces conditions ne me semblent pas étranges, car mon Esprit désincarné jouit d’une netteté qui ne laisse dans l’ombre aucune des questions qu’il envisage.


6. Vous souvenez-vous d’avoir été dans ce même état avant votre dernière existence, et y trouvez-vous quelque chose de changé ? — R. Je me rappelle mes existences antérieures, et je trouve que je suis amélioré. Je vois et je m’assimile ce que je vois. Lors de mes précédentes incarnations, Esprit troublé, je ne m’apercevais que des lacunes terrestres.


7. Vous souvenez-vous de votre avant-dernière existence, de celle qui a précédé M. Jobard ? — R. Dans mon avant-dernière existence, j’étais un ouvrier mécanicien, rongé par la misère et le désir de perfectionner mon travail. J’ai réalisé, étant Jobard, les rêves du pauvre ouvrier, et je loue Dieu dont la bonté infinie a fait germer la plante dont il avait déposé la graine dans mon cerveau.


8. Vous êtes-vous déjà communiqué ailleurs ? — R. Je ne me suis encore que peu communiqué ; 2 dans beaucoup d’endroits, un Esprit a pris mon nom ; quelquefois j’étais près de lui sans pouvoir le faire directement ; 3 ma mort est si récente que j’appartiens encore à certaines influences terrestres. 4 Il faut une parfaite sympathie pour que je puisse exprimer ma pensée. 5 Dans peu, j’agirai indistinctement ; je ne le peux pas encore, je le répète. 6 Lorsqu’un homme un peu connu meurt, il est appelé de tous côtés ; mille Esprits s’empressent de revêtir son individualité ; c’est ce qui est arrivé pour moi en plusieurs circonstances. 7 Je vous assure qu’aussitôt après la délivrance, peu d’Esprits peuvent se communiquer, même à un médium préféré.


9. Voyez-vous les Esprits qui sont ici avec nous ? — R. Je vois surtout Lazare et Eraste ; puis, plus éloigné, l’Esprit de vérité planant dans les espaces ; puis une foule d’Esprits amis qui vous entourent, pressés et bienveillants. Soyez heureux, amis, car de bonnes influences vous disputent aux calamités de l’erreur.


10. De votre vivant, vous partagiez l’opinion qui a été émise sur la formation de la terre par l’incrustation de quatre planètes qui auraient été soudées ensemble. Etes-vous toujours dans cette même croyance ? — R. C’est une erreur. Les nouvelles découvertes géologiques prouvent les convulsions de la terre et sa formation successive. La terre, comme les autres planètes, a eu sa vie propre, et Dieu n’a pas eu besoin de ce grand désordre ou de cette agrégation de planètes. L’eau et le feu sont les seuls éléments organiques de la terre.


11. Vous pensiez aussi que les hommes pouvaient entrer en catalepsie pendant un temps illimité, et que le genre humain a été apporté de cette façon sur la terre ? — R. Illusion de mon imagination, qui dépassait toujours le but. 2 La catalepsie peut être longue, mais non indéterminée. 3 Traditions, légendes grossies par l’imagination orientale. Mes amis, j’ai déjà beaucoup souffert en repassant les illusions dont j’ai nourri mon esprit : ne vous y trompez pas. J’avais beaucoup appris, et, je puis le dire, mon intelligence, prompte à s’approprier ces vastes et diverses études, avait gardé de ma dernière incarnation l’amour du merveilleux et du composé puisé dans les imaginations populaires.

Je me suis encore peu occupé des questions purement intellectuelles dans le sens où vous le prenez. Comment le pourrais-je, ébloui, entraîné comme je le suis par le merveilleux spectacle qui m’entoure ? Le lien du Spiritisme, plus puissant que vous autres hommes ne pouvez le concevoir, peut seul attirer mon être vers cette terre que j’abandonne, non pas avec joie, ce serait une impiété, mais avec la profonde reconnaissance de la délivrance.


4 Lors de la souscription ouverte par la Société au profit des ouvriers de Lyon, en février 1862, un membre a versé 50 F., dont 25 pour son propre compte, et 25 au nom de M. Jobard. Ce dernier donna à ce sujet la communication suivante :


5 Je suis flatté et reconnaissant de ne pas avoir été oublié parmi mes frères spirites. Merci au cœur généreux qui vous a porté l’offrande que je vous eusse donnée si j’avais encore habité votre monde. Dans celui où j’habite maintenant, on n’a pas besoin de monnaie ; il m’a donc fallu puiser dans la bourse de l’amitié pour donner des preuves matérielles que j’étais touché de l’infortune de mes frères de Lyon. Braves travailleurs, qui ardemment cultivez la vigne du Seigneur, combien vous devez croire que la charité n’est pas un vain mot, puisque petits et grands vous ont montré sympathie et fraternité. Vous êtes dans la grande voie humanitaire du progrès ; puisse Dieu vous y maintenir, et puissiez-vous être plus heureux ; les Esprits amis vous soutiendront et vous triompherez.

6 Je commence à vivre spirituellement, plus paisible et moins troublé par les évocations à travers champs qui pleuvaient sur moi. 7 La mode règne même sur les Esprits ; lorsque la mode Jobard fera place à une autre et que je rentrerai dans le néant de l’oubli humain, je prierai alors mes amis sérieux, et j’entends par là ceux dont l’intelligence n’oublie pas, je les prierai de m’évoquer ; alors nous creuserons des questions traitées trop superficiellement, et votre Jobard, complètement transfiguré, pourra vous être utile, ce qu’il souhaite de tout son cœur.

Jobard.


8 Après les premiers temps consacrés à rassurer ses amis, M. Jobard a pris rang parmi les Esprits qui travaillent activement à la rénovation sociale, en attendant son prochain retour parmi les vivants pour y prendre une part plus directe. Depuis cette époque, il a souvent donné à la Société de Paris, dont il tient à rester membre, des communications d’une incontestable supériorité, sans se départir de l’originalité et des spirituelles boutades qui faisaient le fond de son caractère, et le font reconnaître avant qu’il ait donné sa signature. [Voir dans la Revue du mois de mars 1862 : Entretiens d’outre-tombe — M. Jobard.]



[1] Jean-Baptiste-Ambroise-Marcellin Jobard. Auteur de Le nouvelles inentions - Google Books.

Il y a une image de ce chapitre dans le service Google - Recherche de livres (Première édition - 1865).


Ouvrir