Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Le Livre des Esprits — Livre III — Espérances et consolations.

(Première édition)
(Langue portugaise)

CHAPITRE III.


PEINES ET RÉCOMPENSES FUTURES.

(Questions 474 à 501.)

474. — Pourquoi l’homme a-t-il instinctivement horreur du néant ? ( † )

« Parce que le néant n’existe pas. »


L’idée du néant a quelque chose qui répugne à la raison. L’homme le plus insouciant pendant sa vie, arrivé au moment suprême, se demande ce qu’il va devenir, et involontairement il espère.


475. — D’où vient à l’homme le sentiment instinctif de la vie future ? ( † )
« Nous l’avons déjà dit : avant son incarnation l’esprit connaissait toutes ces choses, et l’âme garde un vague souvenir de ce qu’elle sait et de ce qu’elle a vu dans son état spirituel. »


Croire en Dieu sans admettre la vie future serait un non-sens. Le sentiment d’une existence meilleure est dans le for intérieur de tous les hommes ; Dieu n’a pu l’y placer en vain.
La vie future implique la conservation de notre individualité après la mort. Si tout est fini avec nous sur la terre, ou s’il ne s’opère en nous qu’une transformation qui ne nous laisse aucune conscience de nos actes passés, il n’y a plus de bien ni de mal réels, plus de nécessité de mettre un frein à nos passions, la morale est un vain mot ; l’homme n’a plus pour mobile que la satisfaction de ses désirs, sans scrupule du tort qu’il peut faire à ses semblables.
La conséquence de la vie future est la responsabilité de nos actes. La raison et la justice nous disent que dans la répartition du bonheur auquel tout homme aspire, les bons et les méchants ne sauraient être confondus. Dieu ne peut vouloir que les uns jouissent sans peine de biens auxquels d’autres n’atteignent qu’avec effort et persévérance.


476. — D’où vient la croyance que l’on retrouve chez tous les peuples, de peines et de récompenses à venir ? ( † )
« C’est toujours la même chose : pressentiment de la réalité apporté à l’homme par l’esprit incarné en lui ; car, sachez-le bien, ce n’est pas en vain qu’une voix intérieure vous parle ; votre tort est de ne pas assez l’écouter. Si vous y pensiez bien et souvent, vous deviendriez meilleurs. »


477. — Au moment de la mort quel est le sentiment qui domine le plus grand nombre des hommes, est-ce le doute, la crainte ou l’espérance ? ( † )
« Le doute pour les sceptiques endurcis, la crainte pour les coupables, l’espérance pour les hommes de bien. »


477 a. — Pourquoi y a-t-il des sceptiques, puisque l’âme apporte à l’homme le sentiment des choses spirituelles ? ( † )
« Il y en a moins qu’on ne croit ; beaucoup font les esprits forts pendant leur vie par orgueil, mais au moment de mourir ils ne sont pas si fanfarons. »


L’idée que Dieu nous donne de sa justice et de sa bonté par la sagesse de ses lois, ne nous permet pas de croire que le juste et le méchant soient au même rang à ses yeux, ni de douter qu’ils ne reçoivent un jour, l’un la récompense, l’autre le châtiment, du bien ou du mal qu’ils auront fait.


478. — Dieu s’occupe-t-il personnellement de chaque homme ? N’est-il pas trop grand et nous trop petits pour que chaque individu en particulier ait quelque importance à ses yeux ? ( † )
« Dieu s’occupe de tous les êtres qu’il a créés quelque petits qu’ils soient ; rien n’est trop peu pour sa bonté. »


478 a. — Dieu a-t-il besoin de s’occuper de chacun de nos actes pour nous récompenser ou nous punir, et la plupart de ces actes ne sont-ils pas insignifiants pour lui ? ( † )
« Dieu a ses lois qui règlent toutes vos actions : si vous les violez, c’est votre faute. Sans doute quand un homme commet un excès, Dieu ne rend pas un jugement contre lui pour lui dire, par exemple : Tu as été gourmand, je vais te punir ; mais il a tracé une limite ; les maladies et souvent la mort sont la conséquence des excès ; voilà la punition : elle est le résultat de l’infraction à la loi. Il en est ainsi en tout. »


Toutes nos actions sont soumises aux lois de Dieu ; il n’en est aucune, quelque insignifiante qu’elle nous paraisse, qui ne puisse en être la violation. Si nous subissons les conséquences de cette violation, nous ne devons-nous en prendre qu’à nous-mêmes qui nous faisons ainsi les propres artisans de notre bonheur ou de notre malheur à venir. (Note 16.)


479. — Les peines et les jouissances de l’âme après la mort, ont-elles quelque chose de matériel, ou bien sont-elles purement spirituelles ? ( † )
« Elles ne peuvent être matérielles, puisque l’âme n’est pas matière ; le bon sens le dit. »


479 a. — Pourquoi l’homme se fait-il des peines et des jouissances de la vie future une idée souvent si grossière et si absurde ? ( † )
« Intelligence qui n’est point encore assez développée. L’enfant comprend-il comme l’adulte ? D’ailleurs cela dépend aussi de ce qu’on lui a enseigné : c’est là qu’il y a besoin d’une réforme. »
« Votre langage est trop incomplet pour exprimer ce qui est en dehors de vous ; alors il a bien fallu des comparaisons, et ce sont ces images et ces figures que vous avez prises pour la réalité ; mais à mesure que l’homme s’éclaire, sa pensée comprend les choses que son langage ne peut rendre. »


L’homme se fait des peines et des jouissances de l’âme après la mort une idée plus ou moins élevée selon l’état de son intelligence. Plus il se développe, plus cette idée s’épure et se dégage de la matière ; il comprend les choses sous un point de vue plus rationnel, il cesse de prendre à la lettre les images d’un langage figuré. La raison plus éclairée nous apprenant que l’âme est un être tout spirituel, nous dit, par cela même, qu’elle ne peut être affectée par les impressions qui n’agissent que sur la matière ; mais il ne s’ensuit pas pour cela qu’elle soit exempte de souffrances, ni qu’elle ne reçoive pas la punition de ses fautes.


480. — Les esprits ne font-ils que comprendre le bonheur infini, ou commencent-ils à l’éprouver ?
« Ils éprouvent le bonheur ou le malheur, selon le rang qu’ils occupent. »


Les peines et les jouissances des esprits sont inhérentes à l’état de perfection auquel ils sont parvenus. Ils sont plus ou moins heureux, selon le degré d’épuration qu’ils ont subi dans les épreuves de la vie corporelle, et l’âme s’épure par la pratique de la loi de Dieu.
L’homme pouvant hâter ou retarder cette perfection selon sa volonté, ces peines et ces jouissances sont la punition de sa négligence ou la récompense de ses efforts pour y arriver ; c’est pourquoi Jésus a dit que chacun serait récompensé selon ses œuvres.


481. — L’homme, devenu esprit après sa mort, reconnaît-il toujours ses fautes ?
« Oui, l’esprit errant n’a plus de voile ; il est comme sorti du brouillard et voit ce qui l’éloigne du bonheur ; alors il souffre davantage, cap il comprend combien il a été coupable. Pour lui il n’y a plus d’illusion ; il voit la réalité des choses. » ( † )


L’esprit à l’état errant embrasse d’un côté toutes ses existences passées, de l’autre il voit l’avenir promis et comprend ce qui lui manque pour l’atteindre. Tel un voyageur parvenu au faîte d’une montagne, voit la route parcourue et celle qui lui reste à parcourir pour arriver à son but.


482. — La vue des esprits qui souffrent n’est-elle pas pour les bons une cause d’affliction, et alors que devient leur bonheur si ce bonheur est troublé ? ( † )
« Leur souffrance est légère, puisqu’ils savent que le mal aura une fin ; ils aident les autres à s’améliorer et leur tendent la main : c’est là leur occupation, et une jouissance quand ils réussissent. »


483. — Tous les esprits voient-ils Dieu ? ( † )
« Tous voient l’infini, mais les esprits parfaits peuvent seuls approcher Dieu. »


483 a. — Qu’est-ce qui empêche les esprits imparfaits d’approcher Dieu ?
« Leur impureté. »


484. — Les esprits inférieurs comprennent-ils le bonheur du juste ? ( † )
« Oui, et c’est ce qui fait leur supplice ; car ils comprennent qu’ils en sont privés par leur faute : c’est pourquoi l’esprit dégagé de la matière aspire à une nouvelle existence corporelle, parce que chaque existence peut abréger la durée de ce supplice si elle est bien employée. C’est alors qu’il fait le choix des épreuves par lesquelles il pourra expier ses fautes ; car sachez-le bien, l’esprit souffre de tout le mal qu’il a fait, ou dont il a été la cause volontaire, de tout le bien qu’il aurait pu faire et qu’il n’a pas fait, et de tout le mal qui résulte du bien qu’il n’a pas fait. »


485. — Les esprits ne pouvant se cacher réciproquement leurs pensées, et tous les actes de la vie étant connus, il s’ensuivrait que le coupable est en présence perpétuelle de sa victime ? ( † )
« Cela ne peut être autrement, le bon sens le dit. »


485 a. — Cette divulgation de tous vos actes répréhensibles, et la présence perpétuelle de ceux qui en ont été les victimes sont-elles un châtiment pour le coupable ? ( † )
« Plus grand qu’on ne pense, mais seulement jusqu’à ce qu’il ait expié ses fautes. Si l’on savait ce qu’il en coûte de faire le mal ! »


Lorsque nous sommes nous-mêmes dans ce monde des esprits, tout notre passé étant à découvert, le bien et le mal que nous aurons faits seront également connus. C’est en vain que le méchant voudra échapper à la vue constante de ses victimes : leur présence inévitable sera pour lui un châtiment et un remords incessant jusqu’à ce qu’il ait expié ses torts, tandis que l’homme de bien, au contraire, ne rencontrera partout que des regards amis et bienveillants.
Pour le méchant il n’est de plus grand tourment sur terre que la présence de ses victimes ; c’est pourquoi il les évite sans cesse. Que sera-ce quand l’illusion des passions étant dissipée, il comprendra le mal qu’il a fait, verra ses actes les plus secrets dévoilés, son hypocrisie démasquée, et qu’il ne pourra se soustraire à leur vue ? Tandis que l’âme de l’homme pervers est en proie à la honte, au regret et au remords, celle du juste jouit d’une sérénité parfaite.


486. — L’âme, en quittant sa dépouille mortelle, voit-elle immédiatement ses parents et ses amis qui l’ont précédée dans le monde des esprits ? ( † )
« Immédiatement n’est pas toujours le mot ; car, comme nous l’avons dit, il lui faut quelque temps pour se reconnaître et soulever le voile matériel ; mais souvent aussi les parents et les amis viennent à sa rencontre et la félicitent : c’est pour elle une récompense. »


486 a. — La durée de ce premier moment de trouble qui suit la mort est-elle la même pour tous les esprits ?
« Non, cela dépend de leur élévation. Celui qui est déjà purifié se reconnaît presque immédiatement, parce qu’il s’est déjà dégagé de la matière pendant la vie du corps, tandis que l’homme charnel, et dont la conscience n’est pas pure, conserve bien plus longtemps l’impression de cette matière. » ( † )


487. — Le souvenir des fautes que l’âme a pu commettre, alors qu’elle était imparfaite, ne trouble-t-il pas son bonheur, même après qu’elle s’est épurée ? ( † )
« Non, parce qu’elle a racheté ses fautes et qu’elle est sortie victorieuse des épreuves auxquelles elle s’était soumise dans ce but. »


487 a. — Les épreuves qui restent à subir pour achever la purification, ne sont-elles pas pour l’âme une appréhension pénible qui trouble son bonheur ? ( † )
« Pour l’âme qui est encore souillée, oui ; c’est pourquoi elle ne peut jouir d’un bonheur parfait que lorsqu’elle sera tout à fait pure ; mais pour celle qui est déjà élevée, la pensée des épreuves qui lui restent à subir n’a rien de pénible. »


L’âme qui est arrivée à un certain degré de pureté goûte déjà le bonheur ; un sentiment de douce satisfaction la pénètre ; elle est heureuse de tout ce qu’elle voit, de tout ce qui l’entoure ; le voile se lève pour elle sur les mystères et les merveilles de la création, et les perfections divines lui apparaissent dans toute leur splendeur.


488. — Le lien sympathique qui unit les esprits du même ordre, n’est-il pas pour eux une source de félicité ? ( † )
« Oui, l’union des esprits qui sympathisent pour le bien, est pour eux une des plus grandes jouissances ; car ils ne craignent pas de voir cette union troublée par l’égoïsme. »


L’homme goûte les prémices de ce bonheur sur la terre quand il rencontre des âmes avec lesquelles il peut se confondre dans une union pure et sainte. Dans une vie plus épurée, cette jouissance sera ineffable et sans bornes, parce qu’il ne rencontrera que des âmes sympathiques que l’égoïsme ne refroidira pas ; car tout est amour dans la nature : c’est l’égoïsme qui le tue.


489. — L’esprit qui expie ses fautes dans une nouvelle existence, n’a-t-il pas des souffrances matérielles, et dès lors est-il exact de dire qu’après la mort l’âme n’a que des souffrances morales ? ( † )
« Il est bien vrai que lorsque l’âme est réincarnée les tribulations de la vie sont pour elle une souffrance ; mais il n’y a que le corps qui souffre matériellement. »
« Vous dites souvent de celui qui est mort qu’il n’a plus à souffrir ; cela n’est pas toujours vrai. Comme esprit, il n’a plus de douleurs physiques : mais, selon les fautes qu’il a commises, il peut avoir des douleurs morales plus cuisantes, et dans une nouvelle existence il peut être encore plus malheureux. Le mauvais riche y demandera l’aumône, et sera en proie à toutes les privations cruelles de la misère, l’orgueilleux à toutes les humiliations ; celui qui abuse de son autorité et traite ses subordonnés avec mépris et dureté, y sera forcé d’obéir à un maître plus dur qu’il ne l’a été. Toutes les peines et les tribulations de la vie sont l’expiation des fautes d’une autre existence, lorsqu’elles ne sont pas la conséquence des fautes de la vie actuelle. Quand vous serez sortis d’ici, vous le comprendrez. »


L’homme qui se croit heureux sur la terre, parce qu’il peut satisfaire ses passions, est celui qui fait le moins d’efforts pour s’améliorer. Il expie souvent dès cette vie ce bonheur éphémère, mais il l’expiera certainement dans une autre existence tout aussi matérielle.


490. — La réincarnation de l’âme dans un monde moins grossier, est-elle une récompense ? ( † )
« Oui, c’est la conséquence de son épuration ; car à mesure que les esprits s’épurent, ils s’incarnent dans des mondes de plus en plus parfaits, jusqu’à ce qu’ils aient dépouillé toute matière et se soient lavés de toutes leurs souillures pour jouir éternellement de la félicité des purs esprits dans le sein de Dieu. »


Dans les mondes où l’existence est moins matérielle qu’ici-bas, les besoins sont moins grossiers et toutes les souffrances physiques moins vives. Les hommes ne connaissent plus les mauvaises passions qui, dans les mondes inférieurs, les font ennemis les uns des autres. N’ayant aucun sujet de haine ni de jalousie, ils vivent entre eux en paix, parce qu’ils pratiquent la loi de justice, d’amour et de charité ; ils ne connaissent point les ennuis et les soucis qui naissent de l’envie, de l’orgueil et de l’égoïsme, et font le tourment de notre existence terrestre.


491. — L’esprit qui a progressé dans son existence terrestre, peut-il quelquefois être réincarné dans le même monde ? ( † )
« Oui, s’il n’a pu accomplir sa mission, et lui-même peut demander à la compléter dans une nouvelle existence ; mais alors ce n’est plus pour lui une expiation. »


491 a. — Dans ce cas aura-t-il à subir les mêmes vicissitudes ?
« Non ; moins il a à se reprocher, moins il a à expier. »


492. — Que devient l’homme qui, sans faire de mal, ne fait rien pour secouer l’influence de la matière ? ( † )
« Puisqu’il ne fait aucun pas vers la perfection, il doit recommencer une existence de la nature de celle qu’il quitte ; il reste là où il est, et c’est ainsi qu’il peut prolonger les souffrances de l’expiation. »


493. — Il y a des gens dont la vie s’écoule dans un calme parfait ; qui, n’ayant besoin de rien faire pour eux-mêmes, sont exempts de soucis. Cette existence heureuse est-elle une preuve qu’ils n’ont rien à expier d’une existence antérieure ? ( † )
« En connais-tu beaucoup ? Tu le crois ; tu te trompes ; souvent le calme n’est qu’apparent. Ils peuvent avoir choisi cette existence, mais quand ils la quittent, ils s’aperçoivent qu’elle ne leur a point servi à progresser : et alors, comme le paresseux, ils regrettent le temps perdu. Sachez bien que l’esprit ne peut acquérir des connaissances et s’élever que par l’activité ; s’il s’endort dans l’insouciance il n’avance pas. Il est semblable à celui qui a besoin (d’après vos usages) de travailler, et qui va se promener ou se coucher, et cela dans l’intention de ne rien faire. »


494. — Un lieu circonscrit dans l’univers est-il affecté aux peines et aux jouissances des esprits selon leurs mérites ? ( † )
« Nous avons déjà répondu à cette question. Les peines et les jouissances sont inhérentes au degré de perfection des esprits ; chacun puisse en lui-même le principe de son propre bonheur ou malheur ; et comme ils sont partout, aucun lieu circonscrit ni fermé n’est affecté à l’un plutôt qu’à l’autre. Quant aux esprits incarnés, ils sont plus ou moins heureux ou malheureux, selon que le monde qu’ils habitent est plus ou moins avancé. »


495. — D’après cela l’enfer et le paradis n’existeraient pas tels que l’homme se les représente ? ( † )
« Ce ne sont que des figures : il y a partout des esprits heureux et malheureux. Cependant, comme nous l’avons dit aussi, les esprits du même ordre se réunissent par sympathie ; mais ils peuvent se réunir où ils veulent quand ils sont parfaits. »


La localisation absolue des lieux de peines et de récompenses n’existe que dans l’imagination de l’homme ; elle provient de sa tendance à matérialiser et à circonscrire les choses dont il ne peut comprendre l’essence infinie.


496. — D’où vient la doctrine du feu éternel ? ( † )
« Image, comme tant d’autres choses, prise pour la réalité. C’est absolument comme quand on fait peur de Croquemitaine aux petits enfants. »


496 a. — Mais cette crainte ne peut-elle avoir un bon résultat ? ( † )
« Vois donc si elle en retient beaucoup, même parmi ceux qui l’enseignent. Si vous enseignez des choses que la raison ne rejette pas plus tard, vous aurez une impression durable et salutaire. »


496 b. — Est-ce que le remords des fautes et le plaisir des bonnes actions ne nous donnent pas une idée des peines et des jouissances de la vie spirituelle ?
« Oui, mais les peines et les joies que vous éprouvez sont toujours mêlées à votre vie terrestre. »


L’homme impuissant à rendre, par son langage, la nature de ces souffrances n’a pas trouvé de comparaison plus énergique que celle du feu, car pour lui le feu est le type du plus cruel supplice et le symbole de l’action la plus énergique ; c’est pourquoi la croyance au feu éternel remonte à la plus haute antiquité, et les peuples modernes en ont hérité des peuples anciens ; c’est pourquoi aussi, dans son langage figuré, il dit : Le feu des passions ; brûler d’amour, de jalouse, etc., etc. ( † )


497. — Que doit-on entendre par le purgatoire ? ( † )
« Douleurs physiques et morales ; c’est le temps de l’expiation. C’est presque toujours sur terre que vous faites votre purgatoire et que Dieu vous fait expier vos fautes. »


Ce que l’homme appelle purgatoire est de même une figure par laquelle on doit entendre, non pas un lieu déterminé quelconque, mais l’état des esprits imparfaits qui sont en expiation jusqu’à la purification complète qui doit les élever au rang des esprits bienheureux. Cette purification s’opérant dans les diverses incarnations, le purgatoire consiste dans les épreuves de la vie corporelle.


498. — Les prières adressées à Dieu pour les âmes en expiation sont-elles utiles ?
« Cela dépend de l’intention. Nous l’avons déjà dit, les prières banales sont des mots vides de sens. Pour qu’une prière soit écoutée, il faut qu’elle parte d’un cœur profondément pénétré de ce qu’il dit ; alors c’est une communication de votre esprit avec les autres esprits. Vous vous unissez à eux en vue de seconder leurs efforts pour soutenir les esprits incarnés dans les épreuves qu’ils ont à subir. »


498 a. — Puisque ce sont les esprits qui agissent directement, qui doit-on prier de préférence, Dieu ou les esprits ?
« Les esprits entendent les prières adressées à Dieu et exécutent ses ordres ; nous sommes ses ministres. »


498 b. — Pourquoi, lorsqu’on prie avec ferveur, se sent-on soulagé ?
« Parce que l’esprit vient en aide à celui qui prie avec ferveur, et c’est cette assistance qui lui donne la force et la confiance. »


499. — Tous les esprits devant atteindre à la perfection, s’ensuit-il qu’il n’y a pas de peines éternelles ?
« Nous l’avons dit, le bien seul est éternel, le mal aura une fin ; mais avant que l’esprit ait acquis toutes les connaissances qu’il doit posséder, et subi toutes les épreuves nécessaires, sur la terre ou autres lieux semblables, pour être complètement purifié, c’est quelquefois bien long, et pour vous c’est comme l’éternité. »


500. — Comment se fait-il que des esprits qui, par leur langage, révèlent leur supériorité, aient répondu à des personnes très sérieuses, au sujet de l’enfer et du purgatoire, selon l’idée que l’on s’en fait vulgairement ? ( † )
« Il faut, comme nous te l’avons dit, que nous nous rendions compréhensibles, et pour cela nous nous servons de vos termes, ce qui peut vous faire croire quelquefois que nous abondons dans vos préjugés. D’ailleurs il n’est pas bon de heurter trop brusquement les préjugés ; ce serait le moyen de n’être pas écouté ; voilà pourquoi les esprits parlent souvent dans le sens de l’opinion de ceux qui les écoutent, afin de les amener peu à peu à la vérité. Ils approprient leur langage aux personnes, comme tu le fais toi-même si tu es un orateur un peu habile ; c’est pourquoi ils ne parleront pas à un Chinois ou à un mahométan comme ils parleront à un Français ou à un chrétien, car ils seraient bien sûrs de n’être pas écoutés. Des esprits ont donc pu se servir des mots enfer et purgatoire ou autres semblables quand ils parlent à des personnes trop imbues de ces idées, sans être en contradiction. Et puis souvent on emploie pour avoir nos réponses des moyens incommodes et trop longs, comme des tables qui frappent, etc., et cela nous ennuie ; alors, ne pouvant pas développer notre pensée, nous répondons par oui et par non, quand cela n’a pas une importance assez grande et quand cela ne dénature pas le sens de nos enseignements vrais. »


500 a. — On conçoit qu’il puisse en être ainsi de la part des esprits qui veulent nous instruire ; mais comment se fait-il que des esprits interrogés sur leur situation aient répondu qu’ils souffraient les tortures de l’enfer ou du purgatoire ? ( † )
« Quand ils sont inférieurs, et pas complètement dématérialisés, ils conservent une partie de leurs idées terrestres et ils rendent leurs impressions par les termes qui leur sont familiers. Enfer peut se traduire par une vie d’épreuve extrêmement pénible, avec l’incertitude d’une meilleure ; purgatoire, une vie aussi d’épreuve, mais avec conscience d’un avenir meilleur.
Lorsque tu éprouves une grande douleur, ne dis-tu pas toi-même que tu souffres comme un damné ? Ce ne sont que des mots, et toujours au figuré. » (Note 17.)


501. — Des esprits ont dit habiter le 4º, le 5º ciel, etc. ; qu’entendaient-ils par-là ? ( † )
« Vous leur demandez quel ciel ils habitent, parce que vous avez l’idée de plusieurs ciels placés comme les étages d’une maison ; alors ils vous répondent selon votre langage ; mais pour eux ces mots 4º, 5º ciel expriment différents degrés d’épuration, et par conséquent de bonheur. C’est absolument comme quand on demande à un esprit s’il est dans l’enfer ; s’il est malheureux, il dira oui, parce que pour lui enfer est synonyme de souffrance ; mais il sait très bien que ce n’est pas une fournaise. Un païen aurait dit qu’il était dans le Tartare ou dans les Champs-Elysées. »


FIN



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